Retour aux ArticlesActualité de l’œuvre de Cheikh Anta Diop face au racisme scientifique et aux défis de l’Afrique Aziz Salmone FallGRILA février 2006
À la mémoire d’ Anténor Firmin, avocat haïtien qui répliqua à Gobineau dans des termes que Diop parachèvera un siècle plus tard!
Thèmes Clés: Dans le sillage de Diop: racisme scientifique; intelligence innée et hiérarchie raciale;QI;Eugénisme (proto-eugénisme, eugénisme moderne, post-eugénisme); génocracie et racisme du gène; origine monogénétique de l’humain et mise à jour des trouvailles du 21e; origine africaine de la civilisation, mise à jour d’Egyptologie;legs de l’Afrique, de l’histoire ancienne à l’inégale insertion dans le système monde capitaliste; pistes panafricanistes et progressistes pour une régénération africaine…
Dans le cadre du mois de l’histoire des noirs 2006, cette conférence commémore le vingtième anniversaire de la mort de Cheikh Anta Diop. Elle fait ressortir l’actualité et la pertinence de son œuvre, au regard de la résurgence du racisme scientifique et d’une urgente redynamisation de l’Afrique, dans ce que je nomme la régénération africaine. Comme le disent ses disciples : « Son oeuvre convie l’humanité à regarder en face son véritable passé, à assumer sa mémoire, afin de rompre avec les génocides, avec le racisme, pour sortir enfin de la barbarie et entrer définitivement dans la civilisation»[1] Je renvoie donc ceux qui veulent en savoir plus sur lui sur le numéro de Ankh qui lui est consacré ou sur le livre de Pathé Diagne qui remarquablement synthétise l’essentiel.[2] Je souhaite attirer l’attention sur son combat en le mettant en rapport avec la fulgurante et insidieuse résurgence de l’eugénisme en Amérique du Nord et ses relents à travers le monde. Je m’excuse auprès des personnes qui reconnaîtront des passages que j’ai dû brandir, il y a trois mois lors de l’affaire Mailloux, (ce psychiatre canadien qui a clamé sur les ondes l’infériorité génétique de l’intelligence des noirs et des amérindiens). Je reprends ici, en note de recherche et revue historique de la littérature scientifique raciste, des éléments qui permettront de revenir sur l’apport de l’œuvre de Diop corroborée par des récentes trouvailles scientifiques.
L’idée qu’il existe des groupes ethniquement supérieurs et plus intelligents, et la négation des apports intellectuels de peuples entiers au nom de nouvelles interprétations des percées scientifiques, semblent gangrener bien des espaces académiques et autre média. Davantage qu’au 19 ème et au 20 siècle, les dérives eugénistes seront, dans de nouvelles physionomies politically correct, individualisées et socialement intériorisées, un des enjeux fondamentaux du siècle actuel. Le délire du pedigree humain, donc de perfectionner les uns et de détruire les autres, reste fondamentalement la quintessence de l’eugénisme. C’est ce qu’exprimera le premier grand congrès eugéniste, sous la direction du quatrième fils de Charles Darwin, Leonard président de la société Eugéniste[3]. Il y a fort à croire que notre siècle usera ou abusera de ces méthodes de QI quotient intellectuel eugénique, mais aussi de la médecine prédictive et des disparités de la biologie moléculaire pour discriminer les groupes humains.
Mais disons bien cyniquement, que cet eugénisme biotechnologique est la cerise sur le sundae infect de la mondialisation néo-libérale. Entre temps, celle ci achève plus efficacement, dans la misère et la frustration et à chaque année, des millions de gens à travers le monde. Tant d’enfants, de femmes, d’hommes vulnérables meurent de la marginalisation économique, du chômage entretenu, du pillage, de la famine à l’eau rare ou souillée, des maladies aux guerres, et de plus en plus des nombreuses catastrophes environnementales découlant de nos moyens de production et de consommation. C’est justement la conjonction entre cet ordre mondial injuste et prédateur et une science marchandisée, raciste et élitiste, qui constitue le plus grand danger pour la planète. Le débat sur l’inné et l’acquis, l’intelligence et son hérédité, les différences entre les «races » et leur hiérarchies se trouvent de nouveau relancés avec de récentes percées scientifiques de la biotechnologie que nous survolerons ici. Alors que s’achève le déchiffrage du génome humain, les média, les universités et précisément les intellectuels, et le politique ont plus que jamais une responsabilité et un rôle social déterminants sur ces dimensions où le racisme latent ou explicite côtoie la légitime curiosité scientifique. L’intelligence est davantage une résultante sociale dans son contexte historique et environnemental qu’une disposition innée. Et même si l’héritabilité d’une telle disposition intellectuelle pouvait être prouvée dans le futur, rien n’empêche que la modification du milieu ne puisse pallier aux disparités, d’autant qu’une telle disparité génétique intellectuelle entre classes sociales, voire groupes ethniques ne pourrait être qu’infinitésimale à l’échelle de l’humanité.
Le racisme s’édifie par l’éducation et l’irrationnel, en cultivant la peur et le rejet de l’autre. La lutte contre le racisme aussi s’articule sur l’éducation et l’affect xénophile, encore faudrait- il que les structures politiques et de communications le favorisent. Entendre des scientifiques clamer l’existence de races et les classifier de façon hiérarchique ne datent pas d’aujourd’hui, comme nous le verrons. Même dans leur tour d’ivoire, les scientifiques sont le reflet de leur société. De plus en plus marginalisées par l’avancée scientifique, les rebuffades et autres démonstrations de forces des eugénistes ne sont pas des épiphénomènes. Ils sont, entre autres, l’expression de mouvements politiquement organisés qui les financent. Cela va paradoxalement de la promotion de mouvements créationnistes, à l’intelligent design[4], aux mouvements véhiculant de virulentes thèses racistes. Ce type de provocation a toujours plus d’effet dans les cycles de modernité où les modèles s’épuisent ou se cherchent, comme c’est le cas à la faveur de la mondialisation. Cette dernière a du mal à cerner l’intelligibilité du lien civique et social autant transnational que local. Ce type de provocation amène alors des déchirures douloureuses, mais parfois aussi des catharsis salutaires, lorsqu’il advient dans une phase de crise.
L’Afrique, dans ces six dernières siècles, n’a que trop connu les affres de tels phénomènes. Elle garde paradoxalement, autant sur la terre mère que dans ces diaspora, une paradoxale force de caractère, malgré les vicissitudes de la vie. Son endurance aux épreuves et calamités, comme l’esclavage, la colonisation et l’impérialisme, dans des proportions qu’aucun groupe humain n’a pourtant enduré, est une véritable énigme. Le secret, son vitalisme. Il reste toujours un sourire et une joie de vivre, le sens du commensal de la solidarité, même derrière le plus douloureux des rictus ou des drames. . Dans mon exposé, vous tolérerez des incursions multidisciplinaires dans le sillage de Diop pour traiter de son actualité face au racisme scientifique. Je ne ferais d’ailleurs qu’en survoler de grands pans en suggérant de revenir d’abord sur les sources et l’évolution de l’eugénisme. Je parlerai de cette génétique de l’intelligence et des pseudo sciences qui y sont reliés, mais aussi de la science véritable qui ouvre à l’humanité de nouvelles pistes de connaissances, hélas aussi malléables pour des forces bienveillantes que malveillantes. Au regard de telle situations, et du racisme rampant ou explicite, s’impose une mise à jour sur l’odyssée de la race humaine et de quelques legs des peuples noirs à l’humanité. Faisons le donc, non pas par social narcissisme, ni d’ailleurs en n’exhibant que les hauts faits. C’est en rendant d’abord hommage à la multitude des gens communs qui, davantage que tous les autres souffrent du racisme, que je veux m’attarder sur quelques réécritures de l’histoire. Ceci afin d’armer scientifiquement et politiquement les uns, de faire réviser les autres avec des instruments qui, s’ils ne sont pas brandis et utilisés, individuellement et collectivement, s’étioleront dans cette ère de désarroi, d’apathie et de perte de sens. C’est pourquoi, l’enjeu de savoir si les disparités entre QI sont d’ordre génétiques ou de l’ordre du milieu me semble secondaire par rapport à l’essentiel. L’essentiel c’est le rapport de force politique qui au niveau socio-économique organise inégalitairement la division internationale du travail et les moyens de production, et la division entre cols blancs et cols bleus (white collar job et blue collar job), comme on dit ici. Un rapport qui ne peut être changé que par une rupture plus égalitaire et révolutionnaire. Une rupture déterminée à structurer équitablement l’ordre social, quelque soit les différences génétiques présumées. Cette rupture est au coeur du décryptage de la nature de notre système monde et de la régénération panafricaniste à mener pour sortir l’Afrique de sa condition. I Racismes, entre science et pseudo-science
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–Le proto-eugénisme Il est probablement propre à plusieurs civilisations antiques, l’idée mythique de parfaire l’humain et de sélectionner uniquement le meilleur, d’avoir les enfants les plus beaux et les plus intelligents et d’être convaincu de la certitude que c’est possible, comme l’atteste l’élevage des animaux racés. Mais, c’est dans la Grèce antique que ce fut le plus explicite. François-Xavier Ajavon, qui a construit le premier site pré galtonien sur le Web montre dans une remarquable ouvrage, comment sous l’impulsion de Platon, fut consacrée Callipolis, cité politique idéale. «L’homme, né de la divinité, atteint un niveau de perfection supérieur ; et cela dans le sens où sa reproduction ne s’est pas effectuée selon le hasard ou le destin, mais selon une justice rationnelle. Dans sa législation eugénique, Platon ne tendra pas à un autre but» [5] Pour la République, est proposé de trier et de marier «eugéniquement» les procréateurs des générations à venir. Elles pourront enfin s’épanouir dans ce lieu du savoir, où le travail était de toute façon considéré vulgaire, et du ressort des esclaves. Aristote, soutenait que les esclaves n’avaient pas d’âme, ni de libre arbitre en n’étant que l’instrument et le prolongement de la volonté de leurs maîtres. Que l’homme (à l’exclusion des femmes) était un «animal politique» dont l’essence l’autorise à la participation au politique. Il considérait d’une part, que c’est le mâle qui engendre l’être alors que la femelle n’est que porteuse, et surtout d’autre part, que les descendants d’élite ont toutes chance de continuer à l’être, car «noblesse est excellente souche». Il ignorait ainsi Hippocrate, qui presque un siècle avant lui, considérait pourtant dans son ouvrage Le livre de la géniture de l’homme, que l’homme comme la femme secrètent une semence qui émane surtout du cerveau et qui se mélangent, afin que l’influence d’esprits chauds et froids donnent la chair. En dehors de la Grèce, à travers le monde, les modèles politiques, antiques et médiévaux axés sur la classe sociale et sur les caste, ont toujours su exceller à privilégier une certaine endogamie afin de préserver leur lignée. «Même au temps de l’extension de l’esclavage antique, nous trouvons des ressemblance plusou moins grandes dans l’organisation et la situation des diverses économies esclavagistes et des États esclavagistes de l’antiquité, mais non une communauté de vie économique».[6] En Chine, il ne semble pas que les dynasties royales chinoises des Hia et des Chang, ou Yin, du XXIIè au XIè siècle av. J.C. St aient connu l’esclavage. Ce n’est qu’au 3ème siècle après J.C que les empereurs autorisèrent les familles pauvres à vendre leurs enfants aux gens plus nantis, pour des corvées domestiques. Acheté au plus jeune âge , l’enfant devenait esclave domestique à vie dans la cellule familiale[7]. Au 9è siècle après J.C, Wang Mang tenta en vain d’abolir l’esclavage. Peut être le caractère prématuré et la rapide maturité du féodalisme chinois dispensèrent cette civilisation de la pratique esclavagiste à grande échelle. Au Japon, ou les pratiques reproduisaient les modèles chinois, il fallut attendre le 18è siècle, pour voir l’abolition. Elle fut d’ailleurs sans effet durant la période quasi féodale de l’empire.[8] En Inde, malgré les enseignements de Krishna- « Ne soyez pas les destructeurs de vous-même. Élevez-vous à votre véritable Etre, et alors vous n’aurez plus peur de rien. »– les Hindous, ne pouvant contester leur prédéterminée condition ici bas, font des castes et de la coercition les fondements de leur ordre social. En Amérique, certains indiens des côtes nord ouest des Amériques disposent d’esclaves que le maître entraîne avec lui dans la mort, quand il succombe. Ailleurs, dans les sociétés islamiques, se fondant peut être sur un passage du coran où le musulman peut disposer « d’esclaves , hommes et femmes» (sourate 4; 24-25), la tolérance de la captivité et de l’esclavage permet de perpétuer le phénomène esclavagiste sur toute la façade orientale du continent africain et dans le golfe arabe. Les Arabes y distinguent leurs esclaves noirs ou abd (mis en servitude dans des labeurs astreignants des mines et des champs ) de leur esclaves blancs (mamelouk, corvéables au foyer). Pourtant, témoins de la magnificence de Ghana et de son peuple, que les Almoravides mirent un siècle à envier et à conquérir finalement en 1076, ils changent d’avis en Afrique de l’ouest, une fois l’espace conquis ou coopté. En effet, c’est dans la longue occupation Almoravide de la péninsule ibérique, où régnait une grande tolérance entre les trois croyances monothéistes, que les exégètes musulmans contribuèrent à construire le mythe du noir, sauvage faible d’esprit et sans civilisation. Un préjugé qui persista après leur défaite en Europe. Les Africains quant à eux, qui historiquement ont eu des sociétés pratiquant l’esclavage ou la captivité de guerre, disposaient –par contre de moyens sociaux inclusifs pour les associer à la vie politique ou sociale. L’esclave demeurait toujours cependant soumis, quelque soit le caractère d’inclusion, à la parenté que ce soit par l’adoption, la cooptation ou le mariage.
Le glissement, à l’effet de savoir si une élite est plus évoluée, racée, intelligente, varie donc considérablement selon les cultures du monde. Mais on ne note pas de systématisation du phénomène de la supériorité raciale en dehors du mythe. En Europe Augustin de Hippo (354-430) était persuadé que l’esclavage était une variante des punitions des péchés de l’homme au paradis. St Thomas d’Aquin dans son ouvrage De regimine principium arguait que certains naissaient naturellement esclaves et dépendaient du maître pour leur libre arbitre. Tacite dans Germanie, rédigé autour de 98 après J.C, prétend que les Germains sont des indigènes et qu’ils constituent une race pure, inaugurant un mythe aryen qui aura la vie longue. La pratique de la conquête génocidaire des non-blancs et principalement de l’Afrique, de l’Amérique latine durant 3 siècles et demi, suffira à conforter les futurs développements théoriques de l’eugénisme. Après tout n’avait-on pas asservi les Amérindiens et les Africains à un point tel, qu’on pouvait désormais douter de leur intelligence et être rassuré de l’intelligence supérieure du conquérant. Ni le siècle des lumières, ni le positivisme scientifique du 19 è siècle n’y changeront grand-chose. Rosa Amelia Plumelle-Uribe montre, dans son ouvrage, combien ce long épisode a «profondément modifié les rapports des européens aux autres. Le pas entre différence et supériorité a vite été franchi. La hiérarchisation raciale illustre la débâcle morale de l’Europe»[9] A l’exception des Éthiopiens, chrétiens et alliés dans la foi déjà accueillis au Portugal à Venise et Rome, le reste des noirs sont désormais des sous-hommes. En 1402, Jean Duguesclin de Béthencourt capture vend et déporte des Guanches, peuplade Amazigh qui n’existe plus aujourd’hui. « il semblerait que le premier acte négrier fut posé par le rapt de dix Africains, perpétré par une expédition militaire portugaise menée par Nuno Tristan et Antam Gonsalves, les «meilleurs esclaves» furent offerts à Gabriel Condulmer dit Eugène IV, 205ème Pape de l’église catholique, apostolique et romaine».[10] En 1442, les portugais bâtissent un fort sur l’île d’Arguin entre le Sénégal et la Mauritanie d’où ils évacuent, grâce à des maures, des esclaves vers leurs plantations de sucre aux îles Canaries et à Madère. Quand en 1445, Joan Fernandez ramène 9 jeunes noirs achetés à des maures, des nobles portugais se moquèrent de lui, car cela faisait déjà un moment qu’ils en chassaient comme distraction. Davantage que le texte biblique, ce seront les exégèses de cette période qui sauront transformer la malédiction des descendants des fils de Cham en octroyant une version rationnelle et religieuse à l’inégalité raciale, et en datant à ce moment, l’avènement des noirs à jamais damnés. [11] Après que Sem eut l’Asie, Japhet l’Europe et Cham l’Afrique, la bulle Inter Cetera du Pape Alexandre VI, amenda encore la géographie humaine biblique et divisa en 1493, l’espace païen en deux : l’Ouest aux espagnols et l’Est aux portugais. L’année suivante, le traité de Tordesillas y ajoute le Brésil pour les portugais. C’était dans le monde entier, la fin d’une période où, pendant plus de quatre millénaires, une conception non exclusivement raciale de l’esclavage s’estompait. Dans ce climat de décadence, la hiérarchisation sociale lentement mais sûrement se défaisait du mythe. En Europe, les différences entre races et entre sexes intriguent les chercheurs. L’enjeu de la procréation surtout habite les esprits des chercheurs et des religieux. En 1677, le docteur de Graaf cerne le rôle des ovaires, et cinq ans plus tard, Louis de Ham découvre avec un microscope rudimentaire, «l’animalcule» qu’on n’appellera que plus tard spermatozoïde. Mais ces percées sur le mécanisme de la procréation et de l’hérédité ne connaîtront de développements que plus tard, presque au XIX. Il est en tous cas paradoxal de constater que c’est le siècle dit des lumières et tous ses acquis, qui jusqu’à présent constitue nos horizons d’idéaux, qui fut aussi celui où la science de la race et l’idéologie de préjugés se sont constituées. «Avant le XVIII nous avions des racismes formulés dans le langage du mythe, à partir du XVIII è siècle nous avons un racisme qui prétend parler celui de la science».[12] François Bernier (1625-1688), physicien, explorateur et disciple de Pierre Gassendi, ramène de ses pérégrinations une classification hiérarchique des races. Elle aura d’autant d’influence qu’elle est dite fondée sur ses expériences de visu[13]. Carl Von Linné, et son Systema Naturae inventera la taxinomie, classifiant les espèces vivantes, dont l’homme qu’il scinde en 6 races, par ordre d’importance intellectuelle : européens, américains, asiatiques , africains, sauvages, et dégénérés. Johann F. Blumenbach réinterprétera cette classification, en montrant que la race blanche est originelle, et il forgera d’ailleurs le terme de caucasien, arguant que toutes les autres en sont issues mais n’en sont que des dégénérescences.[14]Magnanime, il était cependant persuadé que même les noirs pouvaient comporter des exceptions et brandissait quelques livres écrits par eux, prouvant que quelques uns pouvaient être égaux aux caucasiens. Le comte de Buffon (1707-1788), détracteur de Linné, pour qui le «nègre est à l’homme ce que l’âne est au cheval » fut lui un prolifique encyclopédiste ( Histoire naturelle en 36 volumes), dont l’intuition, sur les caractères anatomiques, demeurait en avance sur son temps. Convaincu des modifications qu’entraînent l’adaptation, il projetait d’interchanger un groupe de danois et de sénégalais dans leur milieu d’origine et de les cloîtrer pour observer leur métamorphose. [15] C’est dans l’univers de la médecine que les problèmes de débilités, de tares, de l’épilepsie, et autres anomalies suscitèrent l’intérêt des médecins. Le médecin, impuissant devant la mortalité, la morbidité ou la répétition de naissances d’enfants affligés du même mal, se préoccupe désormais de les prévenir. Pour Catherine Bachelard-Jobard, c’est dans ce corps professionnel qu’il faut rechercher les premières traces de systématisation eugénique: « La systématisation de l’idée eugénique est l’œuvre des médecins. Leurs écrits, traitant de l’art de perfectionner l’espèce humaine par des mariages judicieux, se multiplient. Cette littérature médicale a été étudiée par Anne Carol [« Histoire de l’eugénisme en France, les médecins et la procréations, XIX-XX ème siècle »] qui démontre l’existence, en France, d’un eugénisme médical spécifique prégaltonien. D’une manière générale, les médecins, pour justifier la nécessité de mesures que l’on peut qualifier d’eugéniques ( mais le mot n’existe encore pas ), fondent leurs théories sur la dégénérescence de l’espèce humaine qu’ils constatent autour d’eux»[16] David Hume (1711-1776), économiste réputé, abonda dans le sens de ces prétentions pré-galtoniennes: «Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion». Voltaire (1694-1778) lui soutenait qu’il fallait juste s’assurer de la mesure du cerveau humain pour constater que les Nègres d’Afrique sont inférieurs en intelligence aux Blancs d’Europe. Alors que Bernardin de St-Pierre[17] s’insurgeait contre le traitement fait aux noirs, Montesquieu (1669-1776) clamait mordicus que, puisqu’il n’avaient ni âme ni raison, les noirs étaient naturellement destinés à l’esclavage. Thomas Robert Malthus dans Un Essai sur le Principe de Population (1798) était si obsédé par les risques de surpopulation des ouvriers, qu’il suggère pour eux « l’abstinence sexuelle » puisque ces classes « inférieures et pauvres seraient responsables » de leur condition. Le contrôle des naissances pour freiner la propagation démographique était envisagé et existe encore. Dans la même année, Kant produit Anthropologie, essai misogyne, moins connu que ses œuvres phares, où il traite les juifs d’escrocs et confine les noirs au raz des hiérarchies pseudo-biologiques. Il a fallu attendre l’approche du 19 è siècle pour voir esquisser les premières théories sophistiquées de la supériorité ou l’infériorité intellectuelle. Elles vont gagner une redoutable efficace, en enseignant une hiérarchie des races dans les écoles et même les universités, mais aussi en traversant l’africanisme eurocentrique jusqu’au vingtième siècle.
Gregor Mendel, dès1865, en étudiant les végétaux et particulièrement les pois, calcule un ratio constant de 3 :1 entre des plants de grandes et de petites tailles et découvre que l’hérédité procède de facteurs existant en pairs dans les plantes. Il fonde ainsi les connaissances sur la transmission héréditaire. Trop avant-gardistes, ce n’est que plus tard que ces travaux seront reconnus. Par contre, parce que probablement encore enracinés dans le mythe, c’est dans la même période, que les retentissants travaux du Comte de Gobineau (1816-1882) tracent les bases théoriques les plus fondamentales du racisme scientifique. Essai sur l’Inégalité des Races Humaines permet d’affirmer la supériorité et la suprématie des aryens. Cette noblesse raciale serait mise en danger par les risques inhérents à la prolifération des races inférieures. En Allemagne, où ses thèses trouvent vite écho, parut un an après sa disparition, son ouvrage Enquêtes sur les Facultés Humaines. C’est la premièrepierre angulaire des croyances en l’hérédité des dispositions mentales. Le Grand Dictionnaire universel du XIX è siècle de Larousse, lancé dès1866, qualifiant de philanthrope les prétentions d’égalité entre humain nie les facultés intellectuelles du nègre et avec assurance proclame « Un fait incontestable, et qui domine tous les autres, c’est qu’ils ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que l’espèce blanche..»En 1882 aussi Francisque Sarcey commente froidement l’ouvrage de A. Bertillon, Les Races sauvages et déclare : « Ces affreux bipèdes, à face simiesque, gambadant et voraces, gloussant de cris inarticulés, sont nos frères, … ou les frères de ceux qui furent nos ancêtres préhistoriques !… Quelques races mieux douées se dégagèrent de cette animalité barbare, se cultivèrent , s’affinèrent, formèrent l’homme civilisé, plus éloigné d’un pauvre australien que cet australien n’est éloigné d’un gorille. D’autres ne se sont pas développés, toujours aussi dénués de sens moral et de raison…Toutes ces tribus sauvages vont disparaître, exterminées par des peuples supérieurs ou s’éteignant d’elles-mêmes…Ce ne sera pas dommage»[22]
Karl Pearson, disciple de Galton, dans son livre The Grammar of Science soutient en 1882 qu’il est vain de tenter de connaître l’essence des choses en science et qu’il vaut mieux se contenter d’appliquer les mathématiques et la statistique pour parvenir au même résultat. Il lance en 1901 un journal, Biometrika, qui appliquera à la lettre ses principes statistiques bio métriques et rejettera trente ans durant les articles relevant de la génétique Les recherche sur les cellules, le noyau et la cytologie apportent un cortège de savants comme Weismann, Nussbaum, Kölliker dont les vues confortent les perspectives d’hérédité. Le chrirugien Paul Broca (1824-1880) spécialiste de l’encéphale, où il avait repéré le seuil de l’aphasie, considérait que le cerveau avait une masse plus importante chez les grands personnages que les gens simples. Il soutenait «que jamais un peuple à la peau noire, aux cheveux laineux et au visage prognathe n’a pu s’élever spontanément jusqu’à la civilisation»[23].Le cocktail de ces œuvres produisit en grande partie le darwinisme social d’où s’épanouira l’eugénisme. En réplique à Gobineau, un avocat haïtien Anténor Firmin publie en 1885, tragique année du congrès de Berlin, L’égalité des races humaines : essai d’anthropologie positive[24]. On peut dire que Diop est une sorte de réincarnation scientifique de Firmin qui a plaidé, avec verve et les moyens de son temps, l’égalité des humains et le caractère négroïde des égyptiens antiques. Hélas sa voix ne fut guère entendue, et cet homme qui mérite des statues dans tous les pays d’Afrique est encore aujourd’hui injustement méconnu. Les pangermanistes un groupe suprémaciste et l’association Gobineau, lancée deux ans après la mort de ce dernier, firent de l’activisme avec les thèses du savant raciste. Steward Houston Chamberlain un anglais naturalisé allemand proclama en 1899 dans La Fondation du Dix-Neuvième siècle en Allemagne que les allemands étaient les plus purs des aryens et qu’ils étaient au dessus de la pyramide, au bas de laquelle sont les races inférieures et dégénérées, juives, noires etc..
«L’Eugénisme, le Darwinisme Social et l’Hygiène Raciale se tinrent alors par la main. Seul l’Eugénisme entreprit de se désigner lui-même comme une « science » et .. fusionnèrent si fortement qu’il serait vain d’essayer de les différentier».[25]
August Weismann, un des cytologiste nommé plus haut, s’acharnera à couper les queues de souris et constater que leurs descendants naissaient néanmoins avec des queues. Au lieu de conclure à l’évidence, il conclut que l’environnement n’influençait pas les cellules et que les caractères acquis ne pouvaient être héréditaires. Une classification en vogue se fit en Allemagne avec Ernst H. Haeckel qui publia, en 1868, une hiérarchie de 36 races humaines comptant 12 espèces ayant au sommet, les anglo-saxons, les hauts allemands, suivis ensuite des aryens, indiens, grecs et…albanais. Le mouvement eugénique se répandit dans le monde occidental, comme le démontre la thèse de Hardwick.
« Eugenics movements developed early this century in more than 20 countries, including Australia. However, for many years the vast literature on eugenics focused almost exclusively on the history of eugenics in Britain and America. While some aspects of eugenics in Australia are now being documented, the history of this movement largely remained to be written. Australians experienced both fears and hopes at the time of Federation in 1901. Some feared that the white population was declining and degenerating but they also hoped to create a new utopian society which would outstrip the achievements, and avoid the poverty and industrial unrest, of Britain and America»[26]
Au Canada, le phénomène a tout aussi bien pris racine. Les préjugés et exactions contre les indiens, le système de féodalité et la consanguinité y ont donné un terreau fertile. Mc Laren illustre dans son étude que l’eugénisme était très répandu avec une peur des dégénérés[27]. L’auteur montre combien le racisme est latent dans les milieux intellectuels les plus divers, et pourtant progressistes, comme les féministes. L’Alberta constitue à elle seule un cas préoccupant, où la mise en pratique des principes eugéniques a laissé de graves séquelles.[28]Si dans l’espace francophone, l’eugénisme aussi existait, le catholicisme a constitué un antidote à la diffusion de l’hygiène raciale. Les britanniques inspirés par leur résolution du problème amérindien imposent en Afrique australe le modèle de réserve en 1894 (Glen Grey Act impôt obligeant tout noir habitant à travailler 3 mois pour un blanc) e,t en collaboration avec les Boers, introduirent en 1911 la colour bar, freinant à jamais les chances sociales et professionnelles des non-blancs et particulièrement des noirs, ainsi que l’immorality Act de 1927 qui criminalise les relations sexuelles et mariages entre blancs et noirs.
L’eugénisme moderne
Mais la réputation de Binet, comme premier concepteur du test d’intelligence, l’emporte. Un test repose sur la description du résultat d’une mise en situation où un individu, mis dans des conditions prédéfinies en référence à un groupe type qui connaît les mêmes, doit répondre à des questions. Les variables psychologiques ou culturelles du sujet ne peuvent pas être toutes répertoriées, ce qui rend au fond assez aléatoires les conclusions. Mais on ne s’en préoccupe pas beaucoup, d’autant que la redécouverte du travail de Mendel change les perspectives. Simon et Binet élaborent un système mesurant l’intelligence. On sait probablement déjà, qu’on ne mesurera qu’une fraction de l’intelligence. Néanmoins on commence en fait à s’éloigner des préoccupations de la dégénérescence physique et mentale, pour tenter de décrire des traits sensés concourir aux processus intellectuels. Le tout est enrobé d’idéologie et rhétorique pointues. Alors qu’on inaugure en grande pompe, en 1904, la chaire d’eugénisme à l’University College de Londres, on cherche frénétiquement la mesure de la disposition mentale qui confère l’aptitude, le caractère de cet intelligence. En France, Georges Vacher de la Pouge (1854-1936) déterre les boîtes crâniennes des cimetières et mesure les têtes des passants, pour déterminer l’indice céphalique prouvant que les blonds dolicéphales sont au sommet de la race humaine.
Wilhem Johannsen un botaniste danois, qui n’était pas eugéniste, à qui l’on doit d’ailleurs le terme gène, distingue en 1909 le génotype, soit le stock génétique du phénotype l’ensemble des caractères. Mais comme il n’existait pas de moyens de percer le secret de ces gènes, la préoccupation scientifique, en dehors de moyens génétiques, ne pouvait s’articuler que sur la formalisation statistique et sur le mythe racial. C’est ce qui déboucha sur une pseudo science, comme l’atteste ce passage de Christophe Jensen : « En 1900 le fondateur de « l’hygiène raciale » en Allemagne, Dr. Alfred Ploetz participa a un concours d’essais parrainé par l’industriel Alfred Krupp. Il attribuerait un prix au meilleur essai sur le sujet : Que pouvons-nous apprendre des Principes du Darwinisme dans leurs Applications au Développement Politique Intérieur et aux Lois de l’Etat ? Wilhem Schallmeyer, qui gagna le premier prix, interpréta la culture, la société, la moralité, même « bonne » ou « mauvaise », en termes de lutte pour la survie. … le Dr Alexander Ploetz, approuva la totalité de l’essai et soutint la supériorité de la race Caucasienne de laquelle, bien sûr, il excluait les Juifs. Il suggéra par exemple qu’en temps de guerre seules les personnes racialement inférieures soient envoyées sur le front pour épargner le « meilleur » segment de la population. Comme les soldats du front sont ceux qui sont tués en premier, cela empêcherait la part la plus pure de la race de s’affaiblir inutilement. Il suggéra aussi qu’un panel de médecins soit présent à la naissance de chaque enfant afin de juger si celui-ci est suffisamment fort et digne de vivre, sinon, de le tuer »[29]
Si ces extrémismes se vérifieront dans la vie pratique des années qui suivent, des développements plus subtils existent aussi. Il est d’ailleurs faux de croire que la séduction des eugénistes ne se fit qu’à la droite du spectre politique. Il y eut bien des gens et des institutions de gauche partisans de ces thèses, comme le socialiste Ploetz -l’auteur de la précédente citation- qui créa une organisation secrète pour appliquer son motto Rassenhygiene– hygiène raciale- pour la sauvegarde des aryens, où il incluait cependant curieusement les juifs déjà métissés. Il y avait aussi une portion de la gauche britannique, à l’instar de Carlos Blacker secrétaire général de la société eugénique. Outre Atlantique, en Amérique, la mise en pratique de l’hygiène social et de l’eugénisme est des plus drastiques. De nombreux psychologues américains cautionnent l’entreprise. Allan Chase dans The Legacy of Malthus illustre comment 63 678 personnes furent stérilisées manu militari entre 1907 et 1964 dans une trentaine d’Etats, et un nombre similaire d’Etats légiférèrent contre les mariages mixtes. Ceci exclut des centaines de milliers de stérilisations dites volontaires, mais médicalement conseillées- sous la coercition de perte d’avantages sociaux-, à un taux entre 100 000 et 150 000 stérilisés par an, selon le Juge Gerhard Gesell, qui statuait sur un recours collectif de victimes. Un taux qui n’a rien à envier à l’Allemagne Nazi.
Hans F. Günther publie en 1922 un best seller Rassenkunde des deutschen Volkes ( Études raciales du peuple allemand) dans la lignée des eugénistes, avec une emphase particulière sur la nordicité des européens à préserver. Il adhère au parti nazi. L’idéologie Deutsche Physik peut s’épancher dans toute l’Allemagne révélant combien la science aussi est capable de jouer une partition macabre. On commença à expurger l’Allemagne de ses tarés, malades mentaux, et autres grands malades. Mais, si on suivait les lois de Mendel, il ne suffisait pas seulement de freiner la procréation des tarés, mais aussi leur parenté. Mais comment les repérer. Pourtant Morgan et Muller, appliquant à l’homme les expériences de Mendel, sont convaincus qu’il est pour l’instant impossible de génétiquement repérer les retardés mentaux. Peu importe, on dresse des listes de maladies obligeant la stérilisation de leur porteur en Allemagne, sous le label de l’hygiène sociale. En Angleterre, la société eugénique hérite une fortune d’un certain éleveur australien du nom de Twitchin et décuple ses moyens d’action. Elle s’acharne désormais à vouloir enchâsser dans les lois la stérilisation des déficients mentaux. En 1907 dans l’Iowa, en Amérique, un projet de loi d’euthanasie pour les enfants difformes ou retardés est présenté au Congrès, mais il est renversé. L’Amérique comptait bien des apologistes des eugénistes comme Madison Grant qui édita The passing of the Great Race en 1916, que cite à témoin Hitler dans son Mein Kampf. Il sera un des maître d’œuvres du Immigration Restriction Act de 1924 aux Etats-Unis sensé freiner la route aux races inférieures.[30] Le manifeste des généticiens d’Edimbourg avertit des dérapages des nazis, tout en maintenant le cap de la préservation raciale et de la promotion des doués. Dans Le meilleur des mondes (1932), Julian Huxley sonne l’alarme et se distance des nazis qui vont trop loin. Soudaine lucidité de cet eugéniste, convaincu de l’hérédité de l’infériorité de l’intelligence des nègres, et qui à la fin du second conflit mondial sera récompensé comme…Directeur général de l’UNESCO.
Les affres de la guerre, la déclaration des droits de l’homme, différentes générations des droits de la personne et l’irruption des pays décolonisés dans la vie internationale; diverses luttes locales et internationales; la lutte contre la ségrégation raciale en Amérique; l’affirmation des amérindiens et la lutte contre l’apartheid auront toutes redonné un élan aux peuples opprimés. Mais le racisme est tenace et devient plus insidieux face aux victoires remportées contre lui. Ses fondements scientifiques sont ébranlés toutefois, mêmes si des cycliques parutions, parfois sournoises ou anonymes, viennent tenter de contredire le consensus. Race et intelligence[33] prétend par exemple sans sourciller que «les noirs correspondent à des européens leucotomisés* de par leur absence de jugement de sens de synthèse»
Un certains consensus intellectuel abonde dans ce sens, et des travaux de plus en plus nombreux dans les champs des sciences exactes et humaines vont tempérer considérablement l’arrogance des cercles eugéniques. Parmi eux, ceux de Boas, Montagu[35], Lewontin, Jacquard auront contribué à faire reculer les conceptions génétiques de la race. La taxonomie et l’idée de race elle-même s’étiolent, d’autant qu’on découvre que les différences génétiques entre deux groupes ethniques sont aussi grandes que celles entre membres d’un même groupe ethnique. Aucune hiérarchie ne s’avère biologiquement, quoique des démarcations biologiques parcellaires permettent encore de parler de différences entre groupes humains. Ainsi à l’époque, les classifications s’attardent sur le degré de mélanine- l’écran au rayonnement ultraviolet ( à l’exception notable des Pygmées et Inuits moins exposés pourtant aux UV)- qui demeure concentré ou qui se dilue voire disparaît. Quatre à cinq gènes permettent cette synthèse de la mélanine, différencient les humains en groupes phénotypiques noirs, jaunes et blancs. La tolérance ou l’intolérance du lactose, et la présence ou non de l’enzyme de la lactase qui permet sa digestion, départagent principalement les européens des asiatiques et africains. Dernière disparité, celle au niveau des groupes sanguins et du système rhésus dont le contrôle génétique est situé dans 3 espaces de chromosomes constitués chacun de deux familles de gènes. On détermine 8 combinaisons, « l’une d’elles, dites Ro, n’est présente à fréquence élevée qu’en Afrique noire; une autre, dite r, est très rare en Asie et dans le pacifique mais elle a une fréquence élevée et sensiblement constante d’une population à l’autre, en Afrique et en Europe»[36] En l’absence de toute hiérarchie possible dans ces différences, le débat s’était entre-temps transposé sur les aptitudes de l’intelligence entre les humains. Les expériences allaient bon train partout, notamment à Montréal, où on procéda au long des années 50 au Allen Memorial Institute à de sinistres expériences au profit de la CIA américaine sur des patients canadiens! Mais la vraie bombe survint en 1969, lorsque Arthur Jensen rédigea un article[37] et prétendit que dès l’âge de 8 ans, l’enfant a atteint son potentiel d’intelligence. Il peut être mesuré et permettrait de différencier hiérarchiquement les blancs des noirs, et que le milieu ne pourra rien n’y changer à cela. Induit en erreur par les conclusions de Burt, il se trompe puisque « l’héritabilité*, qui analyse les écarts entre individus appartenant à une même population, ne peut en aucune façon être utilisée pour analyser les écarts entre populations»[38] Eysenck [39] dans la lignée de Cattell abonde dans le sens de Jensen et entame le refrain du QI hérité et de l’infériorité génétique innée de l’intelligence des noirs. Convaincu que le facteur g de l’intelligence est repérable et mesurable, comme l’affirme Spearman, Eysenck est le principal responsable de l’idée que « l’intelligence a une base physique qui s’est révélée être fortement héréditaire» et, surtout, de l’exagération du fait que le génotype produirait différents phénotypes selon des milieux divers. Dans cette période des années 70 et 80, malgré l’acharnement de ces auteurs racistes, il se dégage en général le consensus dans la communauté scientifique que sans doute le patrimoine hérité des parents, autant que l’environnement détermine l’intelligence de l’enfant. Que cette dernière fait intervenir tellement de lieux et de réseaux au sein du cerveau, qu’il est vain de localiser un siège spécifique de l’intelligence. Que ce n’est pas tant l’individu, mais plutôt le gène qui se reproduit, en se transmettant d’une génération à l’autre, non pas par une série de caractères, mais par une série de gènes contrôlant les caractères.
–Le post-eugénisme « Comme toujours, les spécialistes de la race recherchent un vaste public pour leur propagande, et le danger demeure donc que leurs prétentions soient reçues telles quelles, pendant que les groupes fascistes espèrent, de leur côté, que l’idéologie du racisme sera un jour acceptée comme une «donnée scientifique», car à ce moment là seulement leur heure viendra».[40] La grande différence que je note, entre ce que je nomme le post-eugénisme et l’eugénisme moderne, c’est que c’est un triomphe subtil de l’eugénisme positif où le bonheur collectif passe après le bien être individuel. La somme de choix individuels, orientés vers une finalité similaire à celle de l’eugénisme positif, est atteinte par des adultes consentants. Ils sont frileux de leur liberté et des palettes de choix possibles pour réguler leur être, comme leur progéniture. Cela est probablement un signe de l’évolution de la société capitaliste individualiste, mais aussi de l’évolution individualisée des biotechnologies, et de la médecine prédictive. Les dérives de ces dernières s’avèrent être aussi éthiques que politiques. Le spectre de l’eugénisme embrasse un champ plus large du social et de la science. De la mère porteuse à la procréation assistée, au dépistage, à l’embryon sélectionné en passant par le contrôle des informations génétiques sur la santé individuelle et collective; la liberté de choisir permet une brèche au post eugénisme. Mieux, le capitalisme agressif du néo-libéralisme impose des normes de plus en plus sévères de croissance et d’efficacité, afin de susciter des rendements toujours plus performants. Il devient difficile pour les travailleurs de s’ajuster à cette frénésie. Une division raciale du travail- à la faveur des fuite de cerveaux et des travailleurs laborieux vers les pôles de prospérité, parallèlement à une chute de la natalité de ces sociétés plus aisées- entraîne des réflexes sociaux d’un autre âge. Le renouveau raciste qui en découle est plus subtil, moins explicite, diffus et non affirmé ou déclaré. A chaque fois d’ailleurs qu’il s’exprime publiquement, un brouhaha de désapprobation collective atteste de réflexes relativement automatisés de la société civile non raciste. Une désapprobation plus sur la forme que sur le fond, d’une part. D’autre part, la société est peu au fait de ce qui se trame dans les laboratoires de génétiques et autres instituts de recherche. Le déchiffrage du génome humain y a entrouvert une révolution pour l’humanité. On a pu se rendre compte de la complexité des notions et de la nécessité de passer au dessus de nos conceptions un peu vieillottes de la génétique. Comme dit de façon imagée Exama, auteur d’un ouvrage sur la question et invité de notre émission de Radio Amandla, génétiquement le concept de race n’a aucun fondement scientifique puisque: «- L’être humain a moins de bagage génétique qu’un grain de riz; Les Européens modernes descendraient d’un groupe d’à peine quelques centaines d’africains; les Suédois descendraient des Nigérians; Les humains sont identiques à 99.9%; Il n’y a pas de différence statistique entre les peuples – il y a plus de différences génétiques entre deux frères québécois (même père et même mère) qu’entre le peuple québécois d’un côté et le peuple haïtien de l’autre; La différence entre blancs, jaunes et noirs n’est pas génétique (ils ont les mêmes gènes pour la couleur); L’expression de la couleur est soumise à l’influence d’un jeu d’enzymes; Une chatte de couleur foncée a donné naissance par clonage à un chaton blanc»[41]. Mais bien qu’ayant considérablement relativisé l’enjeu du débat entre inné et acquis au niveau de l’intelligence et démystifier l’idée de race, l’avancée biogénétique offre de nouvelles perspectives à l’eugénisme qui s’essouflait. Il y eut d’abord un pic noté par la parution de l’ouvrage post eugénique de Charles Murray[42]et Richard Hernstein « The Bell Curve » (la courbe en cloche) 1994. Autant que les recherches de Burt et Howard, Holzinger sur les QI[43] et le génotype intellectuel, il ne construit pas un modèle la dominance génotypique.
L’étude se fonde sur une base de données (The National Longitudinal Study Youth) pour procéder à une analyse régressive. La base est considérée fiable sans preuve, alors qu’elle est principalement constituée de questionnaires d’entrée à l’armée, alliant des questions de formation générales ou de mathématiques rébarbatives pour des jeunes faiblement scolarisés. La courbe en cloche soutient que l’intelligence est innée (le QI aussi[45]) et que qu’il vaudrait mieux ne pas gaspiller tant d’argent à soutenir les politiques socio-économiques de discriminations positives à l’endroit des noirs, et des moins intelligents. Ils sont de plus en plus marginalisés par le fossé technologique sous la houlette de l’élite cognitive (celle qu’il faut encourager pour maintenir la croissance capitaliste), et argue le fait que la force de travail est de moins en moins requise dans les systèmes productifs.
Plusieurs écrits ont tenté de démontrer les fins politiques suprémacistes derrière La courbe en cloche, dont les auteurs sont proches du Mankind Quaterly et du Pionner Fund Cette dernière finança Rushton, le canadien d’origine sud Africaine, autre raciste académique, notoirement connu pour ses recherches sur «la petitesse du cerveau des noirs et la longueur de leur pénis» . Il est désormais Président du Pionner Fund. Est-ce Murray, Rushton ou Suzuki et Gutkin que le Professeur Larrivée de Montréal a suggéré en lecture à Mailloux, pour qu’il profère ces insanités? Peu importe. «…le test d’intelligence n’est pas une simple opération de mesure, ni l’intelligence une simple grandeur mesurable, comme l’admet le «bon sens« positiviste, mais qu’ils sont tous deux, bien plus profondément, un rapport social. Rapport qui n’a donc pas plus de chance d’être compris en dernière analyse à partir de la génétique que la valeur de la monnaie ne peut l’être à partir de l’analyse chimique des métaux précieux»[47] Howard Gardner, professeur en science de l’éducation à Harvard retient que le quotient intellectuel ne peut traduire l’intelligence. Sans endosser sa classification, je considère qu’on peut démultiplier ces catégories. Où classer le chaman, le féticheur, le chasseur dans celle-ci..etc.. Ainsi pour Gardner «chaque individu possèderait, à des degrés divers, sept formes d’intelligence qu’il convient de mesurer séparément :
Rushton dans une entrevue déclare: «You absolutely have to accept that Chinese people are going to be under-represented on the basketball team, and that black people are going to be under-represented in high school graduates».
La même sélection naturelle qui a permis de favoriser la séparation entre l’humain et les simiens, se poursuivrait au niveau des séquences d’ADN de ces 2 gènes. Pour sonder la fréquence de l’haplotype D entre groupes humains, un échantillon de 1000 personnes révèle des variations présentent chez 30%, soit la même distribution d’haplogroupes dans l’humanité. La microcéphale de l’haplogroupe D serait apparue autour de 37 000 ans dans l’humanité, coïncidant avec les premières formes culturelles. L’ASPM autour de 5800 ans, coïncidant avec la diffusion de l’agriculture et les premières agglomération et l’écriture. La question est de savoir si les gènes qui contribuent à réguler la taille du cerveau concourent à ces connaissances en étant la cause de ces développements culturels, ou si il y a influence réciproque. L’équipe spécule sur la distribution des haplogroupes présente davantage dans les autres groupes humains qu’en Afrique, sans pour l’instant tomber dans les élucubrations racistes. D’ailleurs, l’équipe de Lahn mentionne qu’il serait incorrecte d’ interpréter les résultats comme l’illustration de l’évolution d’un groupe plus qu’un autre, et que les différence notées entre groupes humains sont infinitésimales comparée aux grandes différences de caractères d’intelligence au sein d’un même groupe : «One can make guesses, but our study doesn’t reveal how these positively selected variants arrived » … « They may have arisen in Europe or the Middle East and spread more readily east and west due to human migrations, as opposed to south to Africa because of geographic barriers. Or, they could have arisen in Africa, and increased in frequency once early humans migrated out of Africa.”.. Le grand problème est qu’il faudra expliquer historiquement comment la domestification des plantes et les première traces de pratiques agraires comme de villes (les nomes) et d’écriture naissent en Afrique, bien avant que dans le reste du monde, malgré cette faible représentation d’haplogroupe ?
Cette aptitude serait due selon eux à une mutation génétique: «Ashkenazi literacy, economic specialization, and closure to inward gene flow led to a social environment in which there was high fitness payoff to intelligence, specifically verbal and mathematical intelligence but not spatial ability. As with any regime of strong directional selection on a quantitative trait, genetic variants that were otherwise fitness reducing rose in frequency. In particular we propose that the well-known clusters of Ashkenazi genetic diseases, the sphingolipid cluster and the DNA repair cluster in particular, increase intelligence in heterozygotes.Other Ashkenazi disorders are known to increase intelligence»[53]
Les auteurs en viennent à considérer l’hypothèse que quiconque portant le sphingolipide ou toute autre des déficiences génétiques engendrant de telles mutations devrait mieux performer que la moyenne des gens aux tests de QI. Est-ce depuis 1000 ans la promiscuité, l’endogamie et le contact à certaines maladies, ajoutées aux exigences professionnelles financières et religieuses, et l’oppression raciste qui auraient favorisées de telles mutations chez ce groupe affecté de cette anomalie génétique ? Cette mutation suffit –elle à rendre quelqu’un plus intelligent ou stimule-t-elle un caractère de cette intelligence dans les séquences qui font intervenir les réacteurs au sens logique, ce qui prédispose à réussir des tests axés majoritairement sur des questions logiques ? On en est à l’exploration, et possiblement à la merci de charlatans fabricant un jour des pastilles… activant le sphingolipide. Pour l’essentiel des scientifiques, l’intelligence relève majoritairement du cheminement personnel que de l’hérédité. Personne ne nie le legs des parents. Mais ce potentiel aussi riche soit-il ne peut suffire à lui seul. Interchangez l’enfant d’un dit doué Azkhénaze de Harvard avec celui d’un homme simple qui vit dans le dénuement d’une famille nomade d’un oasis en plein désert, et on verra bien qui aura les chances de se retrouver à Harvard. Les tests d’intelligence s’attardent sur l’intelligence abstraite (verbomotion, raisonnement, imagination, positionnement spatial..). Ils ne peuvent mesurer d’autres pans de l’intelligence dite intuitive ou sensible ( l’émotion, l’affect -saisir ses émotions et celle des autres- dextérité pratique, la sensibilité artistique, la traduction des sens, l’inspiration etc..). Le post eugénisme en cherchant désespérément le siège de l’intelligence et son origine innéiste, sous-estime la complexité de la machinerie cérébrale et l’ampleur des connectivités.
Les généticiens, à mesure qu’ils déchiffrent le génome, arrivent à plusieurs conclusions. Après 13 ans d’exploration, le grand projet nous apprend que les êtres humains ont en commun 99,9% du même stock génétique.
Dès lors, si ces mutations avec des gènes codant ou non des protéines sont l’explication de nos degrés de complexité, on déduit la nouvelle aubaine des eugénistes. Il leur suffira désormais de spéculer sur l’infériorité et la supériorité des uns et des autres, en fonction des mutations survenues dans des groupes humains et qui, modifiant l’environnement cellulaire, autoriseraient de telles hiérarchies. C’est par le canal des maladies et tares que ce glissement surtout se fait. On recense des milliers de mutations responsables de maladies chez l’humain. Mais les mutations d’un fondateur originel sont relativement spécifiques et c’est elles que l’on traque. On entend par fondateur originel, un ancêtre porteur d’une erreur génétique qui a perpétué sa mutation dans sa descendance devenue un groupement humain. Il est important de situer quelques autres récentes trouvailles, relevant de la génétique aux mutations fondatrices qui permettent de distinguer les humains entre eux. Si elles ouvrent de nouvelles pistes pour la médecine, elles autoriseraient aussi des dérives eugénistes. Par exemple dans la lutte contre le SIDA. Il est soutenu que les ravages plus grands de cette pandémie chez les africains, par rapport aux européens, proviendraient du fait que ces derniers ont développé une résistance alors que leurs ancêtres ont été confrontés à l’épidémie de peste de 1346. Dès 1996, l’équipe de Kroup a porté cela à l’attention de la communauté scientifique.[57] Jusqu’à présent, les laboratoires n’ont pas trouvé d’africains porteurs de gène anti VIH héterozigote ou homozygote ( les porteurs héterozygotes héritent d’un gène normal CKR-5 d’un parent et CKR-5 mutant, mais protecteur de l’autre parent.). Les porteurs du gène mutant disposent de récepteurs secrétant des chemokines qui assistent le système immunitaire contre le virus, selon Richard Kroup du Aaron Diamond AIDS Research Center . La composante caucasienne elle-même n’est pas à l’abri du phénomène puisque : «Researchers estimate that perhaps 1 percent of the white population carries this inborn protective mutation. They speculate that, perhaps centuries ago, the defect protected against some other viral invader and thus gained a toehold in the population. HIV immunity has also been observed in rare cases among african american although a mechanism other than CCR5 appears to be at work.» Il existe d’autres mécanismes subtils, tout aussi intrigants cette fois ci dans certaines populations noires. Ainsi, pourquoi certaines prostituées (5%) de Nairobi au Kenya porteuses du virus ne contractent pas la maladie et disposent d’anticorps pour la combattre. Ou alors elles l’a contractent bel et bien et la combattent, soutient Larry Gelmon, chercheur principal de l’ Université du Manitoba et l’Université de Nairobi[58]. Au Kenya, 16 personnes meurent à toutes les heures du Sida et plus de 13% de la population du pays, soit 1,9 million de personnes, est atteinte par le virus HIV. On comprend toute l’importance du succès d’un vaccin en test à partir des mécanismes de protection de ces femmes, surtout contre cette sous-catégorie A du virus VIH.[59] Hélas, des luttes de pouvoirs au niveau des brevets et des droits de compensation retardent ce projet et bien d’autres d’ailleurs.[60] Le «post eugénisme positif» permet désormais de faire apparaître de nouvelles formes de thérapies personnalisées et propres à certains groupes ethniques. La question étant, est ce que la recherche peut tenter de la rendre accessible aux autres groupes humains ou cela va-t-il demeurer propres à ceux qui l’ont à leur disposition. Les thérapies génétiques sont d’autant révolutionnaires qu’elles ne s’attardent plus seulement sur les symptômes, mais vont dépister et tenter d’extirper la maladie d’origine génétique qu’elle soit du domaine du cancer ou d’affections neurologiques ou cardiovasculaires…Prévision des potentialités et des conséquences, la voie de la révolution moléculaire ouvre une ère royale pour «l’utopie génomique». Le patrimoine génétique de l’humanité deviendra t-il le patrimoine politique et économique de quelques-uns? Assiste-t-on nous à la revanche feutrée de l’eugénisme?
Le 16 juin 2005, la FDA à l’unanimité de son panel, autorise pour la première fois dans l’histoire américaine, l’administration de ce médicament basé sur la «race». Les implications de telles conclusions sont nombreuses. Une médecine génétique et ciblée peut elle redevenir universelle? Qu’en est il de la plus grande disparité génétique au sein des noirs eux-mêmes, qu’entre eux et les autres groupes humains? N’y aurait il pas d’autres facteurs extra génétiques, relevant du stress, de l’alimentation, du mode de vie qui entreraient en ligne de compte? N’est ce pas plus le milieu que les gènes qui sont réellement en cause? Pourrait on tester le BiDil sur des africains du continent? Personnellement, je ne serai pas surpris que les africains-américains, vivant sous davantage de stress, une culture du stress, et un mode de vie et une histoire qui y prédisposent, aient plus de séquelles d’oxydation dans leur cellule que les africains du continent. Le calcul économique de cibler une clientèle entre -t-il en ligne de compte dans le choix de telles recherches? L’universalité du médicament, à priori devrait rapporter plus, mais la spécificité aussi rapporterait autant. Selon Jonathan Kahn, éthicien médical à la Hamline University School of Law au Minnesota, Nitromed, la compagnie pharmaceutique n’a de toute façon testé son médicament que sur des noirs pour obtenir les brevets. En fait, elle disposerait au moins de deux brevets, l’un pour usage général qui expire en 2007, et l’autre spécifique aux noirs n’expirant qu’en 2020. Kahn de conclure . « If you wanted a scientific basis for approving a race-specific drug, you would enroll more than one race [in the clinical trial]. If you wanted a commercial basis to bring BiDil to the market as a race-specific drug, then you would only enroll one race because you ensure, that if it is shown to work, it will be shown to work in just one race, » he said. « That may be good commerce but it is not good science»[62]. Une autre maladie offrant des perspectives de relance pour le post-eugénisme est l’anémie falciforme ou drépanocytose. Plusieurs mutations dans l’histoire ont produit un polymorphisme génétique. Quelques groupes de populations présentent des hémoglobines anormales à des niveaux significatifs en Afrique de l’ouest (HbC) en Arabie (HbO), en Inde (HbD) le sud ouest asiatique (HbE) et quelques aires dispersées de la méditerranée (thalassémies séquences variées de a et b). L’apparition de la mutation se serait faite sous cinq différents haplotypes, soit à cinq périodes et endroits différents dans l’histoire. On constate que ces cas hétérozygotes présentent une résistance marquée au paludisme et une plus faible mortalité , en tous cas 2,17 moins de chance que les homozygotes de contracter le paludisme. Quand on sait que la malaria tue 2 millions de personnes par an, on voit tout l’intérêt pour les 400 millions de porteurs du plasmodium de bénéficier des avantages qu’ont les anémiens falciformes.[63] En retour, s’ouvrent des possibilités de soins par la greffe de moelle allogénique pour ces derniers. Les juifs Azhénazim, qu’on a déjà évoqué, sont sujets plus que tout autre groupe humain à la maladie de Tay-Sach qui attaque le système nerveux. Un enfant atteint en général ne survit pas à l’âge de 4 ans. Une politique systématique d’avortement dès le diagnostic du fœtus a permis d’éradiquer la maladie en Israël. On ne signale qu’un cas en 2003 dans ce pays, et à New York où la communauté est importante, selon le Dr Desnick de l’hôpital Mt-Sinaï de Manhattan, sur les 10 cas de bébés recensés en Amérique aucun n’était juif.[64] Dans le cas de greffe osseuse, les antigènes HLA sont en général plus disponibles au sein du même groupe ethnique. Certains patients peuvent se retrouver sur des listes d’attentes interminables dans l’attente d’un donneur provenant de leur groupe ethnique.[65] Dans le cas d’hémachromatose héréditaire, dont la mutation remonte à un ancêtre commun en Europe, les patients ont une tendance de si bien absorber le fer, qu’il leur devient malsain voire fatal, entraînant même parfois la mort. Là aussi la génétique offre des perspectives. De la fibrose kystique, au gène de cancer à l’hémophilie, la liste des maladies génétiques propres aux groupes ethniques s’allonge. Avec le brassage des populations et leur métissage, le post eugénisme dispose d’instruments susceptibles de repérer des groupes ethniques et des individus à risque etc. Ce n’est plus de la science fiction que d’envisager que la médecine recourra à la génétique pour traquer systématiquement et détruire à l’embryon les humains aux gènes déficients. Une «génocratie» se profile, fabricant le nouvel humain du berceau à sa croissance et à sa préservation dans la vieillesse. L’assistance médicale à la procréation, permet la fabrication d’un individu sur mesure. Père du premier bébé éprouvette français, Testard envisage plusieurs dérives, je n’en mentionne qu’une qui touche notre objet et reproduis in extenso sa mise en garde et le commentaire de l’article :
. II De quelques contributions de l’Afrique à la civilisation
On ne peut passer en revue ce que l’Afrique a apporté à l’humanité. En général on s’attarde sur les legs culturels, principalement de la musique à l’art plastique. Retenons ici seulement pour la pertinence de notre sujet quelques autres faits saillants. La première contribution est involontaire et relève de l’évolution humaine; l’humanité est monogénétiquement d’origine africaine. La seconde a trait à des legs de civilisations africaines. La troisième renvoie à l’insertion défavorable de l’Afrique à la mondialisation.
L’humanité monogénétique
Il n’ y a aujourd’hui aucune gloire à reconnaître cette maternité à l’Afrique, ni à en tirer un quelconque narcissisme afrocentriste. L’objectif devrait plutôt être de proclamer l’unicité du genre humain, l’absurdité du racisme et le droit à tous et à toutes au développement et à l’évolution. Mais la lutte pour s’approprier le chaînon manquant a amené bien des nations à rivaliser. Des britanniques en ont fabriqué un par exemple. En 1912, Charles Dawson exhibe un faux composé d’éléments d’un crâne humain et d’une mâchoire d’orang –outang. Il sera enseigné dans les livres et les universités comme le maillon entre l’homme et le singe ; l’ancêtre des britanniques et des premiers européens. Une double fausseté dénoncée par Alvan Marston en 1953. Ce n’est qu’aujourd’hui , avec le recul, qu’on voit combien tant d’écoles eurocentriques sciemment ou involontairement erronées ont induit le monde et la science en erreur. La plupart ont été décrypté et ont disparu du champ scientifique. Deux écoles s’affrontent désormais sur le terrain de la véracité scientifique, une thèse polycentrique ( modèle multirégional issu des années 30 et le modèle intermédiaire années 90) et une thèse monocentrique ( années 50 et dans sa variante biologique-out of Africa-1988). Nous verrons que graduellement et patiemment cette dernière reconstitue le plus fidèlement notre évolution.
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A l’origine, les simiens apparaissent il y a 60 millions d’années. Parmi eux, seuls les catarhiniens il y a 35 millions d’années participeront en Afrique à l’évolution vers l’humanité. La paléontologie, se basant sur plusieurs gisements fossilifères, (avec des récoltes de plus de 200 000 fossiles, rien qu’en Afrique s’étendant de la source du Nil au reste de l’Afrique orientale et australe) est parvenue à reconstituer les grandes étapes de l’hominisation, Ainsi, selon les paléontologues, l’observation des fossiles montre que la série commence avec l’aegyptopithèque trouvé à Fayoum en Égypte. Commence donc des lignés de purgatorius sortes de petits singes. Il en descend une espèce légèrement plus grande, le proconsul il y a environ 17 millions d’années, et dans son rameau le Kenyapithèque, daté de 15 millions d’années.
D’abord dans l’Awash, sur un site nommé Aramis au Nord-Est du lac Turkana en Éthiopie, 17 fragments d’un spécimen daté de 4,4 millions d’années sont récoltés. C’est Ramidus ou Ardipithécus, l’australopithèque le plus ancien connu jusque là. Il fait office de chaînon manquant, alors que certains préfèrent le reconnaître comme un voisin du chimpanzé, parce qu’ il semblait être moins capable de bipédie que de se déplacer dans les arbres, et tellement l’émail de ses dents est fin comme un mangeur de fruit.. A partir de 3,8 millions d’années, les australopithèques différents se succèdent. Mais Ronald Clark de l’université de Witwatersrand en Afrique du sud a daté, en début d’année 96, des ossements de pied qu’il a pu reconstituer à partir d’une trouvaille faite en 1981. Il indique que ce spécimen. plus vieux de 500 000 ans que le bipède de Laétoli (3,6 millions d’années). savait marcher.. Le plus célèbre australopithèque sensé ouvrir sans conteste la route de notre évolution est sans doute Lucy, femelle afarensis datée de 3,18 millions d’années et capable de marcher droite, malgré ses genoux prononcés de primate. D’autres trouvailles récentes sont intéressantes: Homo rudolfensis, homo ergaster.
La seconde découverte majeure s’est faite par l’équipe franco-tchadienne de Michel Brunet de l’université de Poitiers à 2500 km de la fracture de l’Afrique orientale nommée Rift valley, à Koro Toro au Tchad actuel. Comment Abel, dont on a daté la mandibule et les 7 dents a 3,5 millions d’années, a-t-il pu aboutir là? Est-ce l’exception qui confirme la règle , puisque les fossiles de cette génération ont tous été trouvés à l’Est de la vallée du Rift ? Sinon existait -t-il des contemporains aux australopithèques d’Afrique orientale? Ouvrons une parenthèse pour évoquer cette question. L’évolution humaine ne serait pas aussi simple qu’on aurait pu le croire, et l’hypothèse d’un bouquet de pré-humains coexistant sur une plus grande latitude à l’échelle du continent n’est plus à exclure. On semblait de plus en plus considérer, que c’est peut être la qualité exceptionnelle des structures sédimentaires et orogéniques de la zone de la Rift valley qui est responsable de l’abondance des fossiles qu’on y trouve. Voilà qu’on n’exclut pas que des contemporains de ses fossiles, ailleurs sur le continent dans des zones plus boisées ou plus arides, aient pu exister. On cherche. De nouveau un fantastique coup de théâtre vient soutenir cette possibilité ! Toumaï le plus ancien représentant de la lignée des pré humains est récemment découvert par l’équipe de Brunet dans le désert du Djourab au Tchad. Il est biochronologiquement daté par la faune alentour autour de 7 millions d’années [68]. Un autre spécimen est dévoilé. Orrorin est daté de 6 millions d’années. Ces découvertes attestent que l’envergure des zones de pérégrination des pré-humains est plus étendue qu’on le croyait.
Certes, debout, l’insolation est moins forte, et des études thermographiques montrent que même à l’ombre, le corps répartit différemment la chaleur, selon que l’on soit accroupi, assis, ou debout. Une autre piste s’ajouterait à la raison de la station debout[70]. En recourant à la l’orthopédie dento‑maxillo‑faciale, Marie Josée Deshayes et Anne Dambricourt-Malassé proposent de répondre au pourquoi de la station debout, de la différence entre le singe et l’homme quant à la réduction du prognathisme, de l’emplacement plus prononcé sous le cerveau du canal occipital et l’accroissement du volume logeant le cortex. Ce serait dans le développement embryonnaire que se trouverait la réponse à ces questions et non pas uniquement dans le hasard, la sélection naturelle, ou l’environnement. Il existerait une dynamique d’évolution ontogéniquement inscrite- nommée attracteur – se perpétuant selon un plan vertical et transversal , selon deux pantographes, que Dambricourt‑Malassé a appelé contraction cranio-faciale : < Le double pantographe permet de modéliser le développement architectural de la base du crâne , chez tous les primates, depuis les stades les plus précoces. Il montre une loi générale selon laquelle, plus les os de la face et les deux mâchoires sont glissés sous le front et élargis, plus les tissus osseux situés en avant du trou occipital sont redressés. Notre thèse est que cette loi traduit une dynamique initialement embryonnaire obéissant à une logique de contraction qui perdure et se réitère depuis l’apparition des primates, voici 60 millions d’années>.[71]
La recherche départagera sous peu ces apports qui, s’ils rejoignent sur l’essentiel, divergent sur des aspects importants au niveau métaphysique (ici par exemple dans le caractère déterminé à l’avance de cette évolution humaine-style Teilhard de Chardin et intervention divine- ou alors le hasard et l’œuvre de la matière).
Mais revenons à notre arbre phylétique. De nombreuses autres découvertes commencent aussi à faire douter que l’homo erectus, autour de 1,4 à1,6 millions d’années, a été le premier grand aventurier qui ira à la conquête des autres continents . A Java, en Indonésie, en 1970 avaient été trouvés deux fossiles. En 1994, Garnis Curtiss refait les datations. Celui de Mojokerto est daté 1,8 millions d’années par potassium argon, l’autre de Sangiron est daté 1,6 millions. Sur le site de Longgupo en Chine est retrouvée une forme proche d’Homo erectus datée de 1,9 millions d’années. Russel Chichon de l’Université d’Iowa, après examen des dents, conclut qu’il s’agit d’une forme plus primitive qu’erectus . Est-il possible de reculer la date du départ des premiers globe- trotters, soit les Homo erectus à 2 millions d’années, ou est ce tout simplement Homo habilis le premier aventurier? Tout porte à croire pour l’instant que Homo erectus a bien colonisé le premier la planète.
C’est en Espagne depuis 1995 que l’on découvre des traces d’hominidés vieux de 800 000 à 1 millions d’années, corroborant la thèse des pérégrinations d’Homo erectus pas seulement vers l’Asie, mais aussi vers l’Europe. A Atapuerca, en Espagne, des équipes sont à l’œuvre à la recherche de preuves supplémentaires. Un site à Pakefield dans le Suffolk anglais en décembre 2005 a révélé des outils vieux de 680 000 ans, ce qui en ferait une trace de colonisation précèdent de loin Homo Heidelbergensis, daté de 500 000ans.
La découverte exhume aussi des outils de pierre du genre acheuléen et des ossements d’animaux. David Lordkipanidze, du musée d’Etat de la république de Géorgie est excité par cette découverte majeure qui signifierait que le peuplement africain de l’Europe s’est fait plus tôt qu’on le croyait. On a un bel intervalle temporel entre ces premier européens et ces autres spécimens d’érectus d’Europe, comme le tibia retrouvé à Boxgrove en Angleterre et daté de 500 000 ans, ou l’Erectus de Tautavel en France vieux de 450 000 ans. Toutes ces découvertes viennent rafraîchir l’étalonnage des arbres phylétiques et nuancer les propositions des paléontologues. En effet, l’arbre phylétique des paléontologues, se basant sur les datations au carbone 14, même améliorée par la spectrométrie de masse, est contesté par les biologistes. La biologie pour prouver l’évolution africaine de l’humanité
Bien que ne disposant pas pour l’instant d’une échelle temporelle complétée sur la base de leurs éléments biochimiques, les biologistes font remonter la séparation des grands singes des hominidés à 5 millions d’années, en se basant sur un arbre phylogénétique datant de 30 millions d’années. Il est vrai, à la décharge des biologistes, qu’entre 11 millions et 4 millions d’années, subsiste un vide fossile. Toujours est il que, pour Wilson, Sarich et d’autres, la variation des changements biochimiques est quasi nulle, ce qui suppose que l’horloge moléculaire (molecular clock) démarrant de la divergence entre humain et chimpanzé, excluait ramapithécus des fossiles humains le réduisant à un sivapithécus ancêtre des orangs-outans[72]. Quelque soit la controverse à ce stade entre paléontologues et biochimistes, elle allait se raviver à mesure que l’on essayait d’établir le début de l’humain moderne.
Cheikh Anta Diop considérait à ce titre, que les hominidés néanderthaloïdes devaient être soumis à « des critères sévères de datations radiométriques « .[73] C’est qu’il soutenait que l’origine du néandertalien serait probablement africaine plutôt qu’européenne. La découverte d’un néanderthaloïde à Broken FER (Zambie) âgé de 110 000 ans, ainsi que d’un autre en Égypte prouverait selon toute vraisemblance l’existence de spécimens plus anciens que le würmien européen classique âgé de 80 000 ans à 100 000 ans. Non seulement l’anthropaléontologie européenne exhibe des dates allant de 200 000 voire 300 000 avec l’exemple de Sierra de Atapuerca en Espagne, en voulant y voir un Néanderthal plutôt qu’une forme d’Homo erectus, mais elle a la décence de reconnaître que ses traces partent de Gibraltar vers l’Asie. Mais Gibraltar à cette période de glace est connectée à l’Afrique. Alors il faut trouver mieux. Voilà que l’on découvre un homme de Néanderthal de 30 000 ans seulement à Zafarraya en Espagne alors qu’ils sont normalement éteints 5000 ans plus tôt. Nous attendons toujours des datations plus sérieuses de ce spécimen.. En admettant qu’il soit vrai, qu’est ce que cela signifie? Deux scénarii sont au moins possibles:
«L’hominidé qui suit» le néandertalien est l’homo sapiens et précisément le sapiens sapiens africain «homme doublement savant) qui est allé peuplé les autres continents. Par adaptation et sélection, Diop suggérait qu’il se serait différencié au mésolithique avec l’apparition de la brachycéphalie, et au néolithique avec les caucasoïdes, les mongoloïdes et enfin les leucodermes. Ces derniers seraient le prototype du Cromagnon, issu de la transformation pendant 20 000 ans du négroïde grimaldien en Europe. La thèse monogénétique signifie que de 70 000 jusqu’à il y a 10 00 ans, l’humanité africaine a peuplé en trois vagues successives le reste du Monde, ne pouvait être vérifiée que sur la base de vestiges fossiles. Une fois de plus, la biologie moléculaire semble venir à la rescousse de cette thèse.
Schéma descriptif de la structure mitochondriale
En effet, l’arbre évolutif a connu une autre retouche, à la faveur des études sur les mitochondries de l’ADN. (Il s’agit d’organites cytoplasmiques synthétisant l’adénosine triphosphate en énergie essentielle à la cellule nucléique- le génome mitochondrial est de 16569 paires). L’ADN mitochondrique a la particularité de ne regrouper que 37 gènes, et ne se transmet que par la mère.
Considérant que parmi les humains actuels, les africaines sont les plus différents génétiquement et sont donc ceux ayant le moins mutées, ils soutinrent qu’une africaine (ou plusieurs africaines), il y a 200 000 ans, serait l’ancêtre commun de l’humanité contemporaine[79]. Notre arrière grand-mère de 10 000 générations! Une autre étude menée par Cavalli Sforza de l’université de Padua démontre que les peuples d’Éthiopie, de la péninsule arabe et les dravidiens de l’Inde ont eu un ancêtre commun africain il y a 55 000 ans. Ornello Semino de l’université de Pavia, et Peter Underhill de Stanford , Californie ont aussi testé l’ADN Y de1007 hommes de 25 différentes régions d’Europe et du Moyen Orient. Ils constatent 3 vagues de migrations africaines vers l’Europe : 40,000, 22,000, et 9,000 ans. 95% de ces européens descendent d’un groupe de 1 à 10 ancêtres masculins. Plus de 80% de ces européens héritent d’ADN Y d’ancêtres de l’ère du paléolithique qui vécurent entre 25,000 à 40,000 ans en Europe, les derniers 20% descendraient de fermiers du néolithique qui y vécurent entre 9000 à 10000.[80] Les multirégionaux contre-attaquent en août 2002[81] citant le cas d’une patiente de 28 ans qui aurait reçu de son père 90,5% de son ADN mitochondrial. Cette possibilité extrêmement rarissime leur a été considérée suffisante pour mettre en doute la régularité de l’«horloge moléculaire». La thèse polycentrique se débat comme elle peut, les autres thèses s’étant toute effacées devant celle de l’origine monocentrique, (son processus par clades à partir d’un rameau unique il y a moins de 200 000 ans, et redaté plus précisément à 143 000 ans) on comprend l’acharnement de ceux qui refusent d’admettre l’unicité du genre humain. Pour eux, les homo erectus graduellement et dans chaque espace géographique d’Asie et d’Afrique évoluent graduellement, sur place, pour donner les homo sapiens. Au mieux certains plus ouverts admettent la probabilité d’un mélange. La recherche de Gerard Lucotte du Collège de France démontre que les pygmées Aka d’Afrique centrale, si on se fonde sur le chromosome Y (haplotype 13) sont nos ancêtres vivants. [82] Un autre coup fatal aux thèses monocentriques a été apporté par une équipe internationale de chercheurs qui a fait paraître son étude dans Nature Genetics. Elle montre que nos ancêtres vivants sont en Afrique australe au Soudan et en Éthiopie et que, si on se fie au chromosome Y d’un échantillon de 1062 personnes provenant de 22 zones géographiques dispersées de par le monde, on obtient une surprenante confirmation. L’origine africaine de l’humain moderne est attestée, mais ne date dans sa variante masculine que de 59 000 ans. Comment expliquer l’écart de près de 80 000 ans entre cet Adam et Eve africain? Probablement que notre stock génétique s’est différencié en bouquet ou en mosaïque à travers le temps et la dispersion géographique. Peter A. UnderHill et Peter J. Oefner de l’Université Stanford se basant toujours sur le chromosome Y dessinent un arbre généalogique remontant à un Adam africain avec 10 branches. Les trois premières sont exclusivement africaines. De cette troisième branche un lignage se rendit en Asie et donna naissance à la descendance 4 à 10 qui se dispersa. La branche 4 vers la mer du Japon, la cinq vers l’Inde du nord, la descendance 6 et 9 vers le sud de la Caspienne. L’étude des premiers Australiens, du fait de leur insularité permet de constater une très faible variation de l’ADN mitochondrial et du chromosome Y. Les variations sont de l’ordre de 150 000 à 200 000 pour l’ADN mitochondrial et de 60 000 à 100 000 pour le chromosome Y. Là où on obtient une variabilité maximale c’est en étudiant les populations de la corne de l’Afrique, où il n’y a pas d’ancienneté, attestant l’unicité du genre humain. Un point toujours intrigant concerne la dépigmentation de l’homo sapiens négroïde et sa transformation en couleurs différentes par sélection et adaptation jusqu’à l’autonomisation. Cheikh Anta Diop a toujours invoqué la loi de Gogler. On sait maintenant qu’une centaine de gènes interviennent dans les phénomènes de pigmentation. Il se trouve que c’est par hasard, en étudiant le cancer par l’entremise de poissons zébrés Golden que des chercheurs de l’université de Pennsylvanie[83] ont identifié un des gènes lié à couleur humaine. Selon eux, la mutation d’un acide aminé dans le gène SLC24A5 aurait contribué à la transformation de la peau plus claire des européens par rapport à leurs ancêtres africains. Le gène, une mutation d’une lettre dans la séquence de 3,1 milliards de lettres de notre génome, serait responsable pour au moins du tiers de la perte de pigmentation du noir vers le blanc. «The evolutionarily conserved ancestral allele of a human coding polymorphism predominates in African and East Asian populations. In contrast, the variant allele is nearly fixed in European populations, is associated with a substantial reduction in regional heterozygosity, and correlates with lighter skin pigmentation in admixed populations, suggesting a key role for the SLC24A5 gene in human pigmentation». Déjà se font jour des spéculations sur l’usage de ces trouvailles pour bronzer ou pour se décolorer la peau sans dommage, ou pour contrer le cancer de la peau. On ne fait de toute façon que commencer à dévoiler la pointe de l’iceberg en terme de potentialités sur le gènome humain.[84]
Tous ces nouveaux éléments viennent conforter la thèse monocentrique. La toute dernière trouvaille relève du tracé des migrations humaines reliées au goût de l’amertume. Il se trouve que 75% des humains perçoivent le PTC (phénylthiocarbamide) comme très amer. Les 25% ne détectent pas du tout cette amertume. Cette faculté de détection devrait remonter à des temps immémoriaux où nos organismes instinctivement nous protégeaient de l’ingestion de plantes toxiques. Je paraphraserai ici fidélement Dennis Drayna et ses collègues qui ont analysé cela. Ils découvrent que la combinaison de trois changements produisent la physionomie du gène récepteur de la non détection du PTC. Cette mutation génétique est advenue chez un ancêtre fondateur qui l’a légué à sa lignée. L’altération génétique est enchâssée dans une très courte séquence d’ADN ancestral, soit quelques 30 000 paires bases chez certains porteurs, révélant une ancienneté de l’ordre de plus de 100 000 ans. Plusieurs études ont montré que les populations de l’Afrique subsaharienne sont porteuses de 7 différentes formes du gène PTC. Mais seule les formes de gènes (major taster et major non taster) goût prononcé et goût incapable d’être détecté, se retrouvent à l’extérieur des populations africaines. Sur les 5 formes restantes, une est retrouvée occasionnellement dans des populations non africaines (et jamais chez les amérindiens), alors que les quatre autres sont exclusivement africaines. L’information suggère qu’un groupe d’Africains est bien sorti du continent autour de 75 000 pour se répandre à travers le monde, confirmant l’origine monogénétique. Mieux, la forme non taster –incapacité de détection du goût- résout la question du métissage entre homo sapiens et homo erectus. Ces derniers auraient dû avoir leur propre formes de PTC pour détecter les plantes toxiques de leur environnement. En cas de métissage, il y aurait donc dû avoir différentes formes de gènes PTC en Asie du Sud Est, de l’Est et en Europe. Mais, il y a une remarquable absence de telles variations, attestant qu’il n’y a pas eu de croisements avec résultats entre homo sapiens et autres pré-humains.[85] Ni la thèse de la transformation multirégionale –erectus se métamorphosant localement- ni la thèse réticulaire, métissage- ne sont compatibles désormais avec cette trouvaille confirmant la thèse «Out of Africa». « Founder mutations now add a new dimension to DNA studies : calibrating the haplotype length dates the mutation, and calculating the frequency of the haplotype in the population measures the geographic spread of the founder’s descendants. Each of us bears biochemical witness to the fact that all humans are indeed members of a single family, bound together by the shared inheritance of our genome»[86] Espérons que des chercheurs émérites comme Yves Coppens, à qui on doit beaucoup dans ce débat, se ravisent sur certaines de leurs hypothèses de métissages entre sapiens et erectus ou d’évolution en grades. Cro-magnon est bien le premier leucoderme issu du négroïde grimaldien. Sur l’évolution à partir du rameau africain, il y aura toujours des savants comme Carleton Coons[87] pour trouver le moyen d’y voir là plutôt le signe que les africains représentent des espèces moins avancées, comme s’ils seraient les derniers à avoir évolué vers l’humain moderne. Pour lui l’humain moderne est né en Asie où en Europe et se serait constitué indépendamment de l’influence africaine. Les relents de racisme, derrière ces thèses polycentriques, sont de toutes façons ridiculisées par les trouvailles énoncées plus haut. D’autant plus que la race n’existe pas, et c’est le grand mérite de Cheikh Anta Diop que de l’avoir compris parmi les premiers[88]: « Le problème est de rééduquer notre perception de l’être humain, pour qu’elle se détache de l’apparence raciale et se polarise sur l’humain débarrassé de toutes coordonnés ethniques« . La race n’existe pas car l’humanité est une et a les mêmes capacités intellectuelles. Il n’y a aucune différence significative, ni anatomique ni au niveau du cerveau qui puisse permettre d’établir une quelconque hiérarchisation.
Cette remarque est importante notamment en ce qui concerne la genèse de la civilisation égyptienne dont on devra garder à l’esprit que malgré le brio et l’époustouflante prouesse technologique et historique qu’il s’agissait de société foncièrement inégalitaire, et hautement hiérarchisée. Elle ne semblait pourtant pas connaître ni la traite esclavagiste ni l’univers carcéral.
Egyptologie et quelques contributions africaines à la civilisation universelle.
L’Égypte, lieu naturel de propagation à partir de la vallée du Rift des premiers humains négroïdes, est la mère des civilisations humaines. L’Égypte nègre qui domestiquait les plantes au néolithique et qui cultivait l’orge au paléolithique. Cette Égypte qui bâtit le premier État d’une odyssée de 3000 ans était d’abord noire, comme les autres habitants de l’Afrique
En Afrique c’est dès le début des années cinquante, que Diop a soutenu cette thèse[89]. D’abord en 1948, et dans la première parution de la voix de l’Afrique en 1952, puis dans l’œuvre majeure de l’époque « Nations nègres et culture » et des textes suivants. Dans sa lancée, Obenga, Sall, Sertima, Johanson, Ela, Wonyou, Pfouma, Finch et quelques autres se sont fait les avocats de l’africanité nègre de l’Égypte pharaonique.
Géographiquement l’Égypte est un prolongement de la vallée du Rift, dont les développements morphologiques aboutirent par les transferts d’alluvions à la formation de terrasses elles mêmes correspondants à l’adaptation du Nil au niveau de la mer comme le comprirent très tôt, Rushdi Said, Arkell et Sandford [90] . L’Égypte est caractérisée par la primauté de la haute Égypte (zone s’étendant du delta -limite du Caire -à juste après la première cataracte-près d’Assouan-) sur le Delta. Depuis Homo érectus, et son industrie lithique acheuléenne, jusqu’aux premiers instruments paléolithiques et néolithiques, une présence toujours africaine caractérise l’humanisation de la région. A l’ouest et au sud de l’Egypte actuelle et du Nil s’est forgée la civilisation égyptienne. Les premiers égyptiens ont dû dompter les caprices du fleuve par les drainages, les digues et les irrigations pour créer cette fantastique civilisation s’étendant sur plusieurs dynasties. Ankh nous apprend que «…Jacques LABEYRIE, ancien directeur du Centre des faibles radioactivités du CEA-CNRS, à Gif-sur-Yvette, indique que les résultats de ces datations établissent que le mouvement de la civilisation égyptienne du Sud vers le delta du Nil est corrélé à l’abaissement du niveau de la mer et recoupent parfaitement la tradition rapportée par les Anciens..»» [91]
Les chercheurs belges de l’équipe de Vermeersch découvrent au site de Nazlet Khater un gisement fossilifère magnifique avec une industrie lithique datée de 32 000 BP (BP signifie avant 1950). Non loin de là, un squelette difficilement datable à cause de sa faible proportion en charbon organique. Mais fait capital, cet homme à la boîte crânienne de 1400 cm3 serait plutôt nègre, si l’on s’en tient à sa cavité praenosale et ses maxillaires en saillies.[92] C’est à ce jour le premier égyptien connu. Zaborowski, sans trop s’aventurer dans le caractère négroïde des égyptiens, avait montré parmi les premiers qu’ils étaient bien des autochtones et non d’hypothétiques étrangers débarquant en Afrique.[93] Tout porte à croire en effet que se sont les mêmes hommes, qui à Ouadi Koubanya au paléolithique supérieur, soit il y a 18000 ans, pratiquaient les premières techniques agraires au monde, avec de l’orge, des lentilles du blé des pois.[94]. En Nubie «le Ballanien est daté de -14000 et le Halfien (2è cataracte) de 16000 av. J.C»[95]. La révolution néolithique semble s’être bel et bien déroulée dans cette vallée du Nil. Le développement des techniques agraires a généré des formes de communalisme et de divisions du travail de plus en plus spécialisées se parachevant dans l’Égypte pharaonique. Cette dernière, aussi loin que l’on peut remonter, naît sur place de ses indigènes et non par quelque hypothétique invasion ou influence asiatique. La période allant du néolithique aux premiers égyptiens est encore pleine de secrets. Une approche conceptuelle proche de la méthodologie « paléthnologique » de Leroi-Gouran ( fouilles et recherches systématiques pour l’appréhension de la vie de l’homme à travers ses manifestations culturelles politiques, économiques, sociales, religieuses, linguistiques) permet néanmoins de considérer la vallée nilotique et le peuple Anou comme fondement de l’Égypte pharaonique. La source de l’Egypte pharaonique est méridionale, éthiopienne et nubienne. L’emphase de recherches futures sur la protohistoire égyptienne nous éclairera certainement sur les débuts de l’odyssée égyptienne. Une chose est sûre, c’est que l’origine de cette civilisation n’est ni asiatique, ni moyen-orientale, mais bien d’un espace qui correspond au Soudan et à l’Éthiopie actuels. Aucune trace matérielle de civilisation indo-aryenne, rappelant la spécificité égyptienne à ce moment n’existe ailleurs, pour conforter un métissage possible. Aucun apport significatif de peuple migrant des espaces euro-asiatiques n’est décelé. Par contre, la civilisation existait déjà en Afrique, dans les cités Etats de Nagada, Thinis, Abydos, et attisait l’admiration de peuplades environnantes. Quostul en zone nubienne semble avoir été un creuset des premières formes étatiques. Quelques rois forgent l’ossature de l’appareil d’Etat à venir, mais les connaissances de ces systèmes demeurent fragmentaires. On cite les rois Scorpion I, Scorpion II, Ka, Iry Hor).[96] La première forme d’organisation politique connue remonte au moins à Ménès ou Narmer, premier chef d’Etat et conquérant ayant réussi à façonner le premier royaume, dès la fin de la période prédynastique. Parti de la Haute Egypte, son royaume parachève l’unité de la vallée du Nil. Quand Djeser qui fonde la 3ème dynastie égyptienne, autour de 2650 avant JC, monte sur le trône, l’essentiel du système politique égyptien est rôdé depuis plus 650 ans, et il est toujours authentiquement africain.
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Cheikh Anta Diop au niveau de l’anthropologie physique s’est évertué en vain[98] à obtenir quelques mm2 d’une des grandes momies africaines, afin de les soumettre à un test divulguant la mélanine. L’italien Rabino Massa sans révéler la teneur en mélanine a cependant procédé à l’étude d’égyptiens prédynastiques. Il note que « l’analyse histologique du tissu épithélial a permis de mettre en évidence la stratification typique de l’épiderme et de relever la présence de granules de mélanine dans le cytoplasme de la couche basale.[99]. Les disciples de Diop au sein de Ankh signalent que dans «A molecular approach to the study of Egyptian History« , de Svante Pääbo et Anna Di Rienzo de l’Université de Berkeley ouvrent des pistes prometteuses pour décrypter l’origine des anciens égyptiens. Eric Crubézy, professeur d’anthropologie à l’Université Paul Sabatier à Toulouse, signale dans un article intitulé « Les surprises de l’ADN ancien – Une technique miracle à manier avec précaution« , l’analyse de l’ADN de deux corps inhumés dans la nécropole d’Adaïma, en Egypte, 3700 ans avant J.-C. : »Celui-ci [l’ADN] les apparente aussi à des populations d’origine subsaharienne, ce que confortent des éléments morphologiques et épidémiologiques concernant l’ensemble de la population »»[100] D’autres éléments confirment l’africanité nègre de l’Égypte pharaonique selon Diop. Il s’agit de la parenté génétique des langues africaines avec l’égyptien que l’on ne peut désormais se borner de qualifier de langue chamito-sémitique. C’est son mérite d’avoir dégagé des bases linguistiques communes, où le hasard et l’acculturation ne pourraient expliquer autant de similitudes au niveau de la phonétique, de la sémantique, de la morphologie. Ses développements permettront à Obenga de qualifier de « nègro-égyptien » cette langue archaïque commune. A l’instar de sa magistrale présentation lors de notre conférence conjointe de Montréal, commémorant le 10 ème anniversaire de la mort de Diop, il dresse une typologie des trois grandes familles [101] linguistiques africaines soit le nègro-égyptien, le berbère et le Khoisan. L’égyptien s’enracine dans le nubien, puisque le démotique qualifié de « synchronie’ de l’ancien égyptien reprend plusieurs caractères de l’écriture méroïtique nubienne.
«Ainsi, la civilisation, pharaonique appartient en totalité au monde culturel négro-africain. L’Egypte pharaonique n’était pas sémitique encore moins indo-européenne dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser : elle était africaine, comme la Nubie, l’Abyssinie, Zimbabwe, Ghana, Benin (Yoruba), bref comme toutes les autres civilisations bâties autrefois sur le continent africain par des Noirs africains»[102]
Tous ces éléments illustrent qu’une telle ressemblance avec les langues africaines ne peut être fortuite comme le martèle Obenga :
«En revanche, nous avons pu reconstruire le négro-égyptien, (voir Tableau çi-dessous) soit la langue primitive commune aux langues historiquement attestées que sont les langues égyptienne, couchitique, tchadique, nilo-saharienne, nigéro-kordofanienne, toutes langues anciennes et modernes, parlées par les peuples noirs d’Afrique, depuis la vieille Égypte pharaonique, et toutes unies génétiquement lorsqu’on les compare de façon serrée et adéquate sous tous les angles, phonétique, phonologique, morphologique, grammatical, lexicologique»[104]
Ce problème a été découvert plus de 1500 ans avant Archimède. Ce dernier, comme nombre de ses semblables, s’est instruit en Égypte. Il est de notoriété que l’on doit aux égyptiens d’avoir découvert tant de choses que nous utilisons comme issues de l’univers hellène. La géométrie égyptienne est aussi rigoureusement exacte nous révèle l’ouvrage de Obenga.[106]. Des théorisations qui mirent par exemple en pratique le levier qui servit à bâtir les colossales pyramides. Contentons nous de résumer Diop qui détaille l’ampleur des emprunts[107]. Il y eut ainsi des calculs comme la surface du cercle, du triangle; le volume du tronc de la pyramide, le prétendu théorème de Pythagore dont les égyptiens n’ignoraient pas les tenants et les implications; les premiers rudiments de la trigonométrie avec sinus, cosinus, tangente et cotangente, des séries mathématiques, l’algèbre qu’ils nommaient Aha, sans parler des équations du premier et du second degré. Des calculs qui avaient leur application dans le mythe comme les fractions avec l’œil d‘Horus déchiqueté ou dans la vie quotidienne pour la construction des monuments, l’arpentage, l’irrigation des champs, l’impôt…
De même, la chronologie de leur calendrier de 1461 ans soit l’écart temporel entre les 2 levers héliaques (le cours de l’étoile Sirius influencée par sa consœur qui évolue en dehors de notre système. L’héritage unique de cette évolution de Sirius A, ( la plus brillante étoile de l’hémisphère nord et Sirius B indécelable à l’œil nu, d’apparente magnitude de 8.7) survit encore au sein du peuple Dogon. Le calendrier fondé sur Sirius reste des plus valables de nos jours (365 et 365 jours un quart).
L’auteur, que je n’ai pas identifié, est fidèle dans cette description. Mais il abonde par contre dans le sens du mythe des Dogons. Comme eux, il semble croire que ce savoir provient d’une source extra-terrestre venue par le Nommo. Mais ce savoir ne provient que des égyptiens et de la propre longue observation du ciel par les prêtres astronomes dogons. En Égypte, ce calendrier était en usage 3200 ans avant Diogène Laerce, et 3800 ans avant Jésus Christ. C’est dans cette foulée que naquît la première horloge solaire connue soit le gnomon, (planche graduée où sont fichés un fil et une tige), alors qu’on utilisait le soir dans les salles et les enceintes, les horloges de type clepsydre (le temps y est mesuré par le déversement d’eau dans un récipient gradué). Le papyrus Carlsberg dévoile avant quiconque l’évection de la lune. Il n’y a qu’à voir l’exact conformité des faces des pyramides avec les astres de la voûte du ciel d’antan et les points cardinaux pour se convaincre de la perspicacité astronomique des prêtres égyptiens, qui calculèrent leur pronostics sans l’aide de mythiques extraterrestres.
La médecine égyptienne personnalisée par Imhotep vizir de Djeser de la 111 ème dynastie, a influencé toute la méditerranée. Si certaines thérapies étaient empreintes d’un cachet magico-religieux, la plupart s’avèrent en accord avec nos procédés contemporains. N’est ce pas Hyppocrate, dont les médecins du monde font le serment, qui plagia dans le papyrus de Carlsberg No 4 le diagnostic de la femme stérile à partir de l’ail ? De même la chirurgie était des plus avancée, esquissant des diagnostics et des interventions aussi utiles dans la préservation de la vie terrestre que celle après la mort. En effet la momification témoignait d’une bonne connaissance du système sanguin, mais surtout d’une dextérité des praticiens ainsi que la finesse de leur instrumentalité-ils extrayaient le cerveau par le nez et savaient prélever les viscères sans endommager les tissus- sans parler de leur connaissance chimique pour la conservation de toutes ces momies qui nous contemplent.
Enfin, comment ne pas au moins mentionner que l’Égypte a façonné les premiers États connus. Ils étaient structurés sur une base fiscale, théiste théocratique, et bureaucratique. C’était socialement une société de castes autoritaire et inégalitaire. Le citoyen égyptien est par contre celui qui construisit les pyramides, et non de mythiques esclaves. Il était assailli par l’impôt et le travail forcé ou volontaire. Mais Diop pense que l’Etat ne s’est pas pour autant immiscé dans sa vie privée : « On sait que la structure de la vallée du Nil a exigé de la population dès l’installation de celle‑ci, des entreprises et une activité générale communes de tous les nomes et de toutes les villes, pour faire face à des phénomènes naturels tels que les crues du fleuve. L’obligation de briser le cadre étroit , isolateur de la famille primitive, c’est à dire le clan, la nécessité d’un pouvoir central fort, transcendant les individus, et coordonnant le travail, l’unification administrative et culturelle, la notion d’État et de ‑nation, tout cela était impliqué dans les conditions matérielles &existence. Aussi les clans primitifs fusionnèrent‑ils, très tôt, pour n’être plus que des divisions administratives (les nomes). L’État apparut avec son appareil de gouvernement perfectionné jusque dans ses moindres détails, sans que l’on puisse saisir, fut‑ce à travers la légende, l’existence antérieure d’une période de vie nomade. Et ceci est valable pour l’Égypte, l’Éthiopie et le reste de l’Afrique Le sentiment patriotique est avant tout , un sentiment de fierté nationale. L’individu est subordonné à la collectivité, car c’est du bien public que dépend le bien individuel‑, donc le droit privé est subordonné au droit public. Ce qui ne veut pas dire que l’individu est une quantité négligeable et que les civilisations méridionales, par opposition au nordiques, font très peu cas des unités humaines, de la personnalité humaine »[109]
De l’invention du verre aux pronostics astronomiques, tous ces chefs d’œuvre, dont nous ne donnons qu’un bref aperçu, Diop, Obenga et Sertima entre autres auront eu le mérite de nous les rappeler et je vous y renvois. L’Égypte fut la première des grandes civilisations à avoir eu à influencer si significativement le monde moderne. Son influence en Afrique est surprenante- le matriarcat, les modèles monarchiques, les cosmogonies et le totémisme, les castes, les patronymes, diverses pratiques culturelles- ne commence qu’à être compris. Si la civilisation égyptienne a été négroafricaine, tous les africains n’y ont pas participé, et certaines n’étaient pas plus civilisés que certains de leurs contemporains asiatiques ou européens. Prouver l’étendue des emprunts de la Grèce à l’Égypte, avait comme objectif d’illustrer qu’il s’agit plus que d’une influence, qu’il s’agit en réalité de la source majeure d’inspiration. Ce travail de réhabilitation n’a qu’une ambition déclarée: construire un meilleur avenir grâce à la connaissance du passé. Restaurer la conscience collective africaine, traumatisée et frappée d’amnésie, pour générer l’élan de créativité essentielle, qui ne lui fit défaut que dans des époques récentes, afin d’entrer de plein pied dans le progrès de l’humanité.
L’Afrique : de l’histoire récente à la tourmente néo-libérale“L’Afrique doit opter pour une politique de développement scientifique et intellectuel et y mettre le prix ; sa vulnérabilité excessive des cinq derniers siècles est la conséquence d’une déficience technique. Le développement intellectuel est le moyen le plus sûr de faire cesser le chantage, les brimades, les humiliations. L’Afrique peut redevenir un centre d’initiatives et de décisions scientifiques, au lieu de croire qu’elle est condamnée à rester l’appendice, le champ d’expansion économique des pays développés ”. Cheikh Anta Diop, 1960 Pour comprendre l’évolution de l’Afrique, et pourquoi en réalité elle pourrait être davantage une solution qu’un problème au monde d’aujourd’hui, il faut d’abord appréhender sa contribution historique au système monde. Il faut ensuite saisir son dynamisme par le fait qu’elle résiste de diverses façons par ses valeurs à la mondialisation. Dans une grande mesure, l’Afrique pourrait apporter justement à cette mondialisation ce qui lui fait défaut, notamment contre l’aliénation marchande et la destruction inconsidérée de la nature. Mais sur ces deux plans, la poursuite hybride du mode de production capitaliste est entrain d’y défigurer nos sociétés. C’est sur ces éléments qu’il faut se replier lorsque l’on cible des solutions. Certaines des valeurs et mœurs qui semblaient acquises, quoique encore vivaces, sont partiellement compromises. Ce qui subsiste, et qui demeure dominant et largement répandu à travers le continent, pourrait être encore utile à l’humanité et à la modernité si elles daignaient l’écouter. Au lieu de cela, la mondialisation veut obliger l’Afrique par l’ajustement structurel et le pillage à s’insérer unilatéralement à ses exigences dans un corset étriqué. Cette insertion se fait à rebours de certaines valeurs fondamentales traditionnelles qui seraient, je le répète, une panacée contre le système dominant prédateur. En Europe, en Amérique, des générations d’africains, aujourd’hui déracinés du continent et acculturés, luttent de toutes sortes de façons en aspirant à l’égalité, face à la remontée de valeurs xénophobes reflets de la mondialisation néolibérale. C’est un rapport à l’existence et l’érosion de nos valeurs- humanisme, chaleur humaine, sens, entraide-solidarité-famille- qui sont au cœur des combats des exclus des banlieues des périphéries d’Afrique, comme des centres d’Europe et d’Amérique. En Afrique, la destruction de l’essentiel des projets de développement progressistes a cédé le pas à une mise en coupe réglée du continent, à la reconfiguration du rôle de l’Etat, et la cooptation de l’élite politique. Celle qui ne l’est pas se borne courageusement à la gestion de la crise. Il est impérieux que l’intelligentsia engagée décuple et canalise ses efforts, pour une repolitisation démocratique dans le sens des aspirations populaires. Un peu d’histoire. L’Afrique dans les périodisations des cycles historiques a été jusque là sous analysée. Disséminés à partir de l’Égypte à travers toute l’Afrique, dès le sixième siècle avant J-C, des peuples africains fusionnèrent et fondèrent de grandes civilisations. Pétrie de civilisation égyptienne, dans la haute vallée du Nil,1000 ans avant J.C, Kouch la fabuleuse convoya vers l’intérieur de l’Afrique, son commerce et son savoir. L’Empire qui selon les périodes aura comme capitales Napata et Méroé dirigera même l’Égypte. Elle fut aussi parfois gouvernée par les Candaces, reines au grand pouvoir politique. Il y a 814 ans avant JC, Carthage, la redoutable république maritime qui fait trembler l’Europe et rivalise avec l’empire romain. Axoum à partir du 3 ème siècle, frappe monnaie et fait rayonner le christianisme dans la corne de l’Afrique. Son climat de tolérance est tel que quelques amis du prophète Mohamed s’y réfugient. C’est sur son socle, que plus tard, s’épanouira l’Éthiopie orthodoxe du XIII au XVIème, avec son système administratif et clérical. Le Monomotapa et l’énigme de ses murailles dès le XII consacrent le Grand Zimbabwe dont la magnificence de l’organisation politique sociale et économique émerveilla ses contemporains. De la fin du III e au XI ème siècle, alors que l’Égypte est en déclin, l’Afrique de l’Ouest vit au rythme de l’empire du Ghana. Il a la taille de l’Europe, atteint de hauts degrés de sophistication politique et sociale, et son or change les cours à travers le Monde. Ghana marchande avec la méditerranée et l’Asie. Bien des produits qui aboutissent en Europe aiguisent la convoitise pour cette route des épices de l’or et de la soie des Indes. Mais ce n’est pas que d’Asie que proviennent ces richesses. Seuls certains Amazighs et Arabes connaissent en réalité l’origine de cet or, de ce sel et de ces épices. Quand les Almoravides finalement pillent Ghana, leur suprématie leur permet alors d’occuper l’Afrique du Nord et le sud européen (ailleurs aussi le rayonnement du pouvoir musulman s’affirme dans les espaces Ghaznévides, Delhi, Moghol). Au XI ème siècle, les Almoravides introduisent de la péninsule ibérique les bases de la révolution maritime et industrielle en Europe. La brique, le filage, le tissage, les moulins, l’arithmétique et l’algèbre, la poudre à canon, la caravelle, la boussole, l’astrolabe, le gouvernail pour la navigation long cours et bien d’autres atouts feront plus tard la grandeur et la force de l’Europe, une fois défaits les descendants des Almoravides. Ce sont les Almoravides qui permettent vraisemblablement les premières formes de l’Etat tributaire-concentrant le surplus et sa redistribution étatique- dans l’espace ibérique qui affleurent dès la reconquête et se reproduisent à l’échelon européen. Ce tournant crucial de la renaissance au capitalisme est sous analysé comme contribution majeure à l’avènement du système monde capitaliste. Entre-temps, sur le continent dès 1242 avec l’empire du Mali, puis Songhaï et l’épopée du Kanem Burnou, c’est toute l’histoire de l’islamisation qui est en branle.
En termes d’influences, d’échanges de produits, d’idées, de techniques de connaissances, il y a 5000 ans jusque 2000 de notre ère, l’Afrique a participé au système monde ancien (Egypte, Nubie, Carthage…). On ne fait que commencer à réaliser l’impact de ses modes économiques, ses systèmes politiques, ses valeurs philosophiques, scientifiques et culturelles.
. En diaspora, Yanga mène les révoltes noirs au Mexique dès 1609. De Quilombo, aux révoltes des Marrons à Toussaint Louverture, la révolte et l’organisation politique des opprimés rendent ingouvernable la périphérie de l’Europe qui cherche aussi à s’en émanciper. L’Europe doit désormais se rabattre sur le continent africain. Les épiques luttes de résistance ou les collaborations aux entreprises d’annexion européennes ont encore davantage fragmenté les tissus sociaux et territoriaux et déstructuré les modes de régulation et de reproduction économiques et politiques.
Cartes Philippe Rekacewicz La nouvelle « guerre des parrains » en Afrique, Monde Diplomatique Mai 2000
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Mandela et une bande dessinée en son honneur REUTERS/Siphiwe Sibeko A la fin des années 80, ces ajustements structurels ont échoué et depuis sont en passe d’achever le malade. Accompagné de governance et de capacity building, adouci de filets sociaux, l’ajustement des jumelles de Bretton Woods persiste à adapter l’Etat au profit des exigences de la mondialisation néo-libérale. Reconfiguration étatique au profit du privé et d’une société civile dépolitisée et par la réduction de la marge de l’Etat à des prérogatives administratives et techniques. Mais l’Etat résiste, tout comme la société, et contourne ces manœuvres, probablement parce que son mode d’accumulation et de redistribution, hélas souvent clientèle, est compromis. Le résultat a été un dépérissement catastrophique de l’Etat africain dont le passif de souveraineté et de réformes sociales était déjà passable. Accablé, anémié, il n’a pu protéger ses sociétés d’Etats bradées ou abandonnées à elles mêmes. En effet les secteurs jugés moins productifs ont été réduits et ponctionnés, et leurs ressources alloués à des sphères plus immédiatement rentables. Ainsi les systèmes de santé (le SIDA peut ainsi ravager des sociétés entières), d’éducation, de protection civique et civile, la défense nationale (ce qui ne veut pas dire l’armement, mais la défense de l’intégrité territoriale), la préservation des ressources et l’équilibre environnemental ont été laissés en pâture aux rapports de forces dominants, ou alors délaissés. La mondialisation a aggravé les statistiques connues de l’inégale répartition des richesses dans le monde. Les données de ce schéma dit de la coupe de campagne du PNUD 1993.- ont été aggravées depuis. http://bv.cdeacf.ca/documents/HTML/2003_18_0026.htm L’Afrique subit plus la mondialisation qu’elle ne parvient à l’influencer. Une passivité qui s’explique par l’asymétrie de son insertion. Cette dernière est exacerbée de surcroît par de nouvelles règles du jeu qui la défavorisent, et la prédation de classes-Etat complices ou incapables d’infléchir les tendances dans le sens des aspirations populaires. La paupérisation dès lors s’accroît. Plus personne n’y croit que les fameux objectifs du millénaire de 2015 seront atteints. Dans un tel contexte de quart-mondialisation du continent, il n’est pas surprenant de voir des éléments de la classe politico –économique de certains pays africains rivaliser, en usant de toutes les fins, ne répugnant pas aux crimes de sang et à la guerre. Dans les deux dernières décennies, l’Afrique a connu les fratricides pour l’appropriation des moyens d’enrichissement, de contrainte, et autres moyens d’autorités. Ces moyens d’autorité bien que prisés, font eux même l’objet de crise d’autorité. L’«instrumentalisation du désordre» et la prolifération de chefs de guerre liés à des multinationales juniors et autres réseaux maffieux s’étend dans plusieurs formations sociales. L’Etat apprend à se régénérer en utilisant la démocratisation électorale sans alternance, et même quand exceptionnellement cette dernière advient, elle ne peut remettre en cause fondamentalement les choses. Il y a des lourdeurs structurelles qui y prédisposent et qui sont bien décodées et utilisées par certaines élites politiques. Il ne s’agit pas d’être alarmiste, mais il importe de sonner l’alarme et cibler ces dangers qui persistent et leurs tendances lourdes. Ils contribuent à l’édification d’un système monde inégal, mais défavorisent l’Afrique. D’abord, les jumelles de Bretton Woods (le FMI, la Banque mondiale), et l’OMC. En prétendant sauver le malade, ces institutions risquent de l’achever. Leurs politiques visent à combler le paiement de la dette et à leur obtenir de nouveaux emprunts au détriment des dépenses publiques. En maintenant les portions utiles du continent sous perfusion, chaque argent frais permet en retour une ponction plus grande, à la faveur des privatisations et avantages des libéralisations. Les jumelles, qui n’ont plus de rôle significatif à remplir dans les pays du centre, vivent des misères des périphéries. Elles y imposent l’ordre générateur du chaos. Leur pensée unique cachant les impasses où elles confinent les économies fragiles, se régénère de nos meilleurs cadres, qu’elles cooptent, s’abreuvent de leur discours et de leur compétence pour mieux arriver à leurs fins. Les esclaves finissent par forger eux mêmes leurs chaînes. Voilà pourquoi tout change sans que pour autant le cadre économique global ne change. Il est seulement plus déguisé. On parle d’appropriation, d’endogénéisation des mesures. Même affublés du terme DSRP (document stratégique de réduction de la pauvreté) avec une emphase de lutte contre la pauvreté qu’ils ont aggravé, les ajustements structurels altèrent la position de l’Etat dans le réseau de structures du pays. Bien sûr, quelques enclaves décentralisées réparties dans quelques collectivités, ONG et associations profitent de ce revirement. Mais les PAS, DRSP, renforcement institutionnel et governance remodèlent les fonctions techniques idéologiques et politico-économiques de l’Etat parallèlement à une réforme de son personnel. Bien que le cadre d’accumulation demeure restreint, c’est un changement des pratiques de reproduction du capital qui est recherché. Malgré un taux de 4% en moyenne de croissance continentale, asphyxié, l’Etat africain a pu récemment bénéficier, dans certain cas, de réduction substantielle de sa dette, entre HIPC et autres mesures d’effacement articulées sur des conditionnalités toujours plus lourdes. De nouveaux acteurs émergent de ces aménagements de segments du capital plus proches du capital étranger issues des privatisations. Il y a désormais d’avantage de membres du pouvoir d’Etat recyclés dans les entreprises. Mais plus subtilement, il y a aussi au sein de la haute bureaucratie, un noyau d’experts souvent en charge de la négociation, de l’évaluation ou de la mise en œuvre des programmes, qui ont, en amont et en aval d’eux, une foule de bénéficiaires. C’est «l’expertocratie». Elle peut discourir à l’instar de la rhétorique de la Banque, côtoie les consultants, voire dispose du même statut et tente de se démarquer des circuits d’accumulation étatiques forgés dans la phase néo-coloniale. Ne disposant pas des moyens de la reproduction technologique, mais possédant le savoir faire, les ‘expertocrates’ sont parmi les seuls capables de décrypter les nouvelles formes d’accumulation possibles, ce qui les rend attrayants et stratégiques pour la Banque Mondiale et le FMI, mais aussi pour certains paliers plus occultes de l’Etat tentant de les utiliser pour l’enrichissement illicite. En charge de projets et programmes, ces nouvelles strates pilotent au sein de l’Etat de véritables enclaves où toute une hiérarchie de cadres et d’agents dépend d’eux. Si certains membres de cette élite ne répondent pas aux tentations prédatrices, d’autres y sont soumis d’autant qu’ils sont favorisés par de nouvelles règles du jeu qui leur sont intelligibles. La réponse à la question de savoir si cette frange constitue une masse critique, à même de remplacer la couche dite patrimonialiste ou compradore, ou à se substituer complètement au pouvoir d’Etat semble prématurée, alors qu’il n’est pas exclu que se forgent des alliances, et des clivages. En charge de gérer l’Etat minimum, les expertocrates doivent appliquer les panacées de la Banque et du FMI, en symbiose avec la reproduction étatique préexistante ou alors contre elle. Cette catégorie d’agents n’est que le reflet local d’une autre qui a l’échelle mondiale gère les actifs, dans ce qu’il est convenu d’appeler la financiarisation de l’économie monde. En effet, quelques 300 millions d’actionnaires, principalement répartis dans les pays du centre, escomptent de la tendance individualiste qui les a généré, que des gestionnaires de portefeuille fassent fructifier leur capital à des taux avoisinant les 15%, alors que le taux de croissance de leur économie n’est que de l’ordre de 3%. De ce difficile grand écart, la spéculation engendre un enrichissement colossal, qui ne peut être durable ni endurable pour la planète et qui a besoin de l’oppression, le pillage et la guerre pour prospérer. Il n’y a pratiquement pas de réformes possibles. Ce qui se passe au niveau des institutions internationales, en passe de perdre pied dans leur propre travail de reproduction internationale face aux forces transnationales, est à surveiller. Avec l’aide de certains pays dominants, l’ONU est vidée de ses attributs, et on empêche sa réforme dans le sens de la réalisation de son mandat de paix, de développement et d’adaptation aux nouvelles réalités mondiales. Il y a peu chance de voir dans un avenir proche une réforme des jumelles et leur sœur mercantiliste, toujours déterminées à poursuivre l’administration de leur thérapie de choc. dessin de Plantu Arrimé à leur stratégie, le libre échange qui fait office de sentier du développement est un espace tronqué. C’est à Marrakech, au Maroc en 1994, que les africains, qui pour la plupart n’ont pas participé à l’Uruguay round,[112] se laissent duper, et voient créer l’OMC. Leurs préoccupations sont ignorées, leurs maigres réalisations régionales et d’intégration piétinées. On leur déconseille les subventions à l’agriculture, alors que les agriculteurs du nord bénéficient de 300 milliards de $. Il est probable que, malgré les réductions ou annulations de dette annoncées pour certains pays pauvres, la baisse des barrières douanières et les autres exigences de libéralisation et de déréglementation risqueront de coûter plus d’un milliards de $ par an, ne serait ce qu’en perte d’exonérations fiscales, recettes d’exportation, droits d’assises et de douanes sur les importations. Les dispositions commerciales existantes, ou réarrangées, ne parviennent pas à changer les termes de l’insertion. Le sommet de Hong Kong de 2005 vient une fois de plus prouver que les plus pauvres se font flouer à ce jeu, et les perspectives de changements promis pour 2013 ne font que repousser l’échéance d’un monde commercial plus équitable. Pourtant, l’Afrique ne cesse d’ouvrir son commerce. Elle exporte plus en volumes et gagne toujours moins. La valeur de ses exportations est tombée de moitié dans la dernière décennie. Les ajustements contraignent la plupart des pays à démanteler les mécanismes de protection de leurs industries. L’ouverture du marché américain, sous le growth opportunity act, sensée favoriser les exportations comporte tant de critères de sélection, que peu de pays peuvent se qualifier. En général, le Nord demeure protectionniste. Il impose des tarifs moyens, trois à quatre fois plus élevés, pour les produits africains que ceux en provenance des autres pays du centre. La compétitivité sans merci oblige les pays africains à un effort de qualité, à la possibilité de réduire certains coûts de production et à un plus grand sérieux dans le traitement de leurs opérations. Mais cette rigueur est freinée par l’incapacité de concurrencer les produits plus nombreux et moins chers des transnationales qui se répandent dans ses marchés. Pour l’instant, l’Afrique n’accueille pas plus de 1,5% des investissements internationaux. Elle n’en réinvente pas moins localement des marchés, capables tout autant de se détourner à la fois de l’Etat et du marché formel. L’essentiel de la société survit dans un système informel de débrouille. Cette situation hybride se reflète aussi dans le secteur des communications. Le 16 Novembre 2005 à Tunis, sous un régime des plus policiers, s’est tenu le sommet mondial de l’information de l’ONU sur le fossé numérique et l’accès équitable. En Afrique, 0,8 % de la population a accès à Internet, pendant que l’essentiel des campagnes sont dénuées d’électricité On comprend le défi. L’économie d’information offre cependant à l’Afrique un saut qualitatif, si le fossé numérique se résorbait quelque peu, par un meilleur accès et utilisation de ces technologies pour mieux transformer ses économies. Alternant avec les conditionnalités politiques et économiques, une certaine conception dépolitisée de la société civile est aussi encouragée, dans la foulée des mouvements sociaux qui, à la faveur de la crise, ont aspiré à plus de progrès, mais aussi a plus de justice et d’efficacité. Toute une industrie du développement ( principalement dénommée ONG), à la remorque des partenariats mondialisés, est née. L’appui extérieur est conditionnel à ce que la participation, dite populaire, n’implique pas pour autant de réformes majeures susceptibles d’entraver le marché. Cet appui extérieur boude donc l’essentiel des demandes sociales, à l’instar de celles du forum social mondial tenu à Bamako en Janvier 2006. Dans tous les pays africains sous perfusion, autant les groupes d’intérêts à l’échelle du pays que les pays eux mêmes s’acharnent au niveau politique, à louvoyer, à différer les changements trop compromettants pour leurs intérêts, et à négocier leur position subalterne aggravée par les conditionnalités, tout en tentant d’en camoufler l’ampleur à leur opinion publique. Certains mouvements sociaux se constituent en groupes d’intérêt pour influencer le rôle de l’Etat ou alors s’en démarquer. D’autres sont tentés par des replis culturalistes, intégristes, régionalistes ou simplement religieux ( on constate d’ailleurs un notable regain du religieux, la prolifération de sectes en raison du désarroi). L’impérialisme en profite pour prévenir toute incartade, au nom de la croisade contre le terrorisme. Cela lui permet un nouveau tri des pays amis, et suscite des allégeances et des alignements géostratégiques. Philippe Rekacewicz, Monde Diplomatique, Mai 2000 Paradoxalement, à l’heure des grands ensembles, l’Afrique n’a pu proposer que le NEPAD. L’analyse critique de ce partenariat, que j’ai faites ailleurs, n’est pas à l’endroit des concepteurs.[113] Le plus souvent patriotes et sincères, ils ont tenté de prendre au mot les bailleurs de fonds dans un rapport de force défavorable. Le rêve de l’Etat fédéral de Diop m’apparaît toujours pertinent, encore qu’aujourd’hui s’impose davantage l’exigence d’un espace confédéral continental. Il a été courageusement proposé par le Sénégal et la Libye à l’Union Africaine et il faut encourager cet élan. Ce qui manque et doit être construit c’est un plan de développement de l’Afrique. Pas un plan de partenariat avec le monde, mais
Le Coltan s’est vendu jusqu’à 500$ le kg. L’Afrique assure l’essentiel du marché mondial de ce produit. Les acteurs du pillage sont des agents ou des compagnies secondaires. Des pays comme le Burkina, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi ont exporté ainsi du diamant volé au Congo. Des opérateurs du Burkina et du Mali en font de même pour le diamant en Côte d’Ivoire. Maintes fois le code directeur de l’OCDE a été violé lorsque des multinationales occidentales ont pillé l’Afrique. Mêmes les experts de l’ONU doivent revenir sur leurs accusations au Congo. Le Tchad, le Soudan, la Guinée équatoriale espoirs pétroliers de l‘OMC et de la Banque sont exploités sans code d’éthique des multinationales. Quelles seront les retombées sociales de ces eldorado? Les codes miniers sont refaits à la hâte, bradant la souveraineté et l’avenir des générations futures. Une trop grande proportion de diamants or, plomb, nickel, germanium, bauxite, lithium, cadmium, vanadium, tungstène, zinc, coltan, nobium, uranium, phosphate, platine disparaît sans qu’on en voit de retombées significatives. Le Canada compte plus de deux cent projets miniers en Afrique.[114] Philippe Rekacewicz, Un secteur minier convoité, monde Diplomatique, Mai 2000 La guerre autour des enjeux miniers a défiguré le continent. Réfugiés et déplacés rejoignent les chroniquement pauvres. La solidarité africaine est mise à l’épreuve. «Sur les 50 pays les plus pauvres du monde, classés selon l’indicateur de développement humain (IDH) du PNUD, 33 sont situés en Afrique subsaharienne. Malnutrition, pauvreté, illetrisme, situation sanitaire désastreuse… le continent est la première victime du creusement des inégalités dans le monde. Si de 1960 à 1980, les pays d’Afrique ont enregistré des progrès sensibles en matière de développement économique et social, ces progrès se sont ralentis, notamment du fait des effets désastreux des plans d’ajustement structurel menés par les institutions financières internationales.» Sources : World Resources Institute (WRI), Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Banque mondiale, Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/pauvreteindimdv51 Les pauvres ont vu surgir, aussi ce que la Banque et le Fonds ont secrété et décrété «nouveaux pauvres». C’est le terme pudique que les spécialistes utilisent pour les distinguer de ceux qui l’étaient déjà en permanence. Leur état dit provisoire s’est éternisé. Les jumelles ne savent plus que faire d’eux, maintenant que leurs dimensions sociales de l’ajustement et leur programme pour soulager la pauvreté ont échoué. Les ajustements à visage humains existent, ils sont seulement grimaçant de douleur. Ils paupérisent. Croupir dans les affres du sous-développement est le lot d’un nombre croissant de gens. Les enfants comme d’habitude sont les plus vulnérables. Enrôlé dans la guerre, les réseaux de prostitution les bandes de délinquants, le tourisme, les réseaux de marché informel, aspirés par les perspectives qu’offrent l’exil, l’enfant africain est aussi de plus en plus sollicité par le stress, l’argent. Des bandes d’enfants désœuvrés squattent les rues. Les plus «chanceux» ont un emploi comme domestiques, manœuvres et un salaire de misère. Le travail des enfants interdit ne fait que fleurir sous la mondialisation. La survie passe avant tout. Leur ingéniosité est mis à profit par tous, autant les artisans que les trafiquants. La mondialisation crée des ghettos de richesses comme de pauvreté. En Afrique, chose inhabituelle, de plus en plus de riches vivent cloîtrés détonnant des habituels «social narcisse» et ostentatoires trains de vie. La richesse se consomme entre pairs, à l’abri des envieux, dans des univers somptueux de plus en plus clos et relevés de barbelées, de hauts murs, et où pullulent des gardes de sécurité. Les milices de surveillance ont connu un boom dans toutes les capitales africaines. Les classes moyennes qui commençaient à peine à se constituer sous les indépendances sont laminées. Elles gèrent la précarité, le plus souvent sans protester de peur de perdre de minces acquis. Cette défense impose un égoïsme frileux, et incite les classes moyennes à ne pas se révolter contre l’intolérable. Les déflatés et autres départs volontaires de la fonction publique ont la plupart du temps mal tournés. Les exemples de réussite exhibés sont des exceptions. Lieve Blancquaert En général, les jeunes adolescents sont bloqués par les perspectives sombres d’emploi et d’études, le manque de possibilité d’épanouissement. Les plus riches ou à l’aise sont pour beaucoup déracinés. Beaucoup ont une identité capitaliste planétaire axée sur la consommation commune de biens transnationaux. Ils voyagent étudient, se côtoient, se ressemblent. Ils vivent de plus en plus dans un univers virtuel, échappant à la réalité de leur terroir. S’offrir un constant plaisir ludique, du sexe, des drogues sert de modèle à des milieux variés de jeunes envieux. La plupart des autres jeunes les imitent mais ne vivront que la contre-façon de cet univers. Partir vers les pôles de prospérité est devenu l’impératif. Tous les moyens sont bons et tentés. Le sport d’élite ou de masse, et le Hip-hop ne peut servir d’exutoire à tous. L’exil est une solution prisée où beaucoup échouent. Le drainage des compétences et des cerveaux est un problème qui va en s’aggravant et augure de perspectives sombres pour la relève. Il n’existe plus un seul secteur de l’économie monde où n’excellent des compétences africaines. De ceux qui partent, beaucoup ne reviennent seulement que si ils sont à l’aise. En général, cet exode est long et demeure inestimable pour le continent. Les femmes africaines sont les premières victimes de la quart-mondialisation. Elles ont le plus souffert des coupures dans l’emploi, la santé et l’éducation le bien être social . Souvent, elles cumulent un emploi à celui de ménagère pour remplacer celui que le mari a perdu ou qui s’avère insuffisant. La femme africaine travaille une moitié de temps plus que les hommes, en ville comme au champs. Sa production et sa reproduction sont sous-valorisées. La recherche de l’eau et du bois, lorsque les installations d’infrastructures font de plus en plus défaut, aggrave sa condition. Les ingéniosités pour nourrir avec un revenu de plus en plus faible des familles fragilisées les frustrent. La tyrannie de l’argent ou simplement la survie en obligent beaucoup à la prostitution et à divers trafics. Certaines certes réussissent et sont citées en exemple. Elle pourraient l’être davantage avec un changement des mentalités masculines et des politiques plus hardies en faveur de la condition féminine. gravure. art-girot (Walli)
On constate que les femmes forment le lot des converties aux nouvelles sectes évangélistes et autres. Recherchant un sens devant le désarroi, elles trouvent dans ces organisations un sentiment d’unité et de reconnaissance. . . Les aléas de l’économie politique et non l’infériorité de la prétendue race doivent être invoqués pour justifier la condition de l’Afrique. Pour ne plus demeurer en pâture à la mondialisation prédatrice et aux racismes institutionnels et implicites qui les maintiennent dans leur condition, les africains et africaines doivent massivement davantage s’organiser et opter pour un développement autocentré. Cela a réussi dans les rares moments où de telles manœuvres ont eu lieues (ailleurs dans l’histoire l’autocentrage a réussi en Chine, au Japon, même l’Amérique et l’Allemagne y ont recouru pour s’émanciper et se développer). Les exigences d’un développement autocentré progressiste dépassent les initiatives du style NEPAD qui, en prenant au mot la rhétorique des bailleurs de fonds, ne parviennent pas à se démarquer suffisamment de leur paradigme et ne peuvent alors constituer la voix et la voie des africains. Ses paradigmes postulent profitable la forme de mondialisation en cours et revendiquent un partenariat accès sur la réalisation des infrastructures essentielles à la croissance du capital. Le grand capital semble bien peu disposé à ce partenariat. Aussi l’Afrique doit faire volte face et comprendre qu’il faut plutôt privilégier une stratégie de sortie de crise axée sur une intégration véritable qui doit relever entre autres les défis suivants : – Renforcement institutionnel et progressive rétrocession de pans de souveraineté pour la construction de l’Etat confédéral et populaire. -L’autosuffisance alimentaire, la réforme agraire, la modernisation agricole, et une politique systématique de reboisement continental et de préservation volontariste de l’environnement. Sauvegarde des ressources naturelles et environnementales, par un comportement civique et écologique. Inventaire et sauvegarde de la biodiversité et de la pharmacopée. –Recension, surveillance, gestion, exploitation et préservation des ressources naturelles. Protection des populations les jouxtant. -Grands travaux hydrauliques et traitement des eaux accessibles aux populations. -l’industrialisation légère complémentant l’agriculture et le réseau halieutique. -Le rééquilibrage du revenu ville /campagne avec des politiques volontaristes à l’endroit des plus vulnérables. – -Diversification économique dans une perspective de complémentarité régionale et de péréquation. Protection des espaces économiques les plus vulnérables. -Le panafricanisme véritable, l’intégration régionale et continentale accélérée, pour bâtir une économie intérieure, un marché intérieur de biens de consommation de masse pour la satisfaction des besoins essentiels avant de plus s’ouvrir au monde. Profiter de cette déconnexion par défaut que connaît l’Afrique, pour la transformer en désengagement sélectif profitable. – Une Banque africaine centrale et une monnaie continentale. – En misant sur les brevets frappés d’obsolescence, virage technologique à notre portée et moyens (biogaz, solaire, éolien, ) Valorisation et modernisation de savoirs faire traditionnels, intensification des relations sud-sud. – Voies de communication fluviales et terrestres (routes et ferroviaires), voies de communications électroniques continentales. -Une armée continentale de défense et un corps de casques blancs civils pour la reconstruction et la prévention de conflits. -Systèmes de santé intégrés et décentralisés, campagne d’hygiène, de médecine préventive et de proximité, gestion continentale des pandémies et des catastrophes. -Une coopération interafricaine contre l’enrichissement illicite, et en conjonction avec les pôles solidaires sud/sud et aux nord qui partagent ces préoccupations. Lutter collectivement pour refuser de payer la dette et réformer les institutions internationales monétaristes. Une gestion patriotique des deniers publiques et anti-corruption; le rapatriement des profits d’enrichissement illicites placés hors d’Afrique (y compris ceux des dirigeants corrompus disparus). -Code d’éthique des transnationales et ONG transnationales et internationales et portion des profits réinvestie dans des secteurs productifs du continent. -Œuvrer pour une coopération internationale plafonnée à 0,7% et la plus non liée possible, et une réorientation dans le sens Sud/Sud. -Repolitisation démocratique des masses et leur auto-organisation, libertés d’association et de participation à la décision et à l’exécution. -Criminalisation de l’exploitation et de l’oppression des femmes. Changements des mentalités masculines et émancipation des femmes. Politiques discriminantes en faveur des filles et des femmes, jusqu’à la parité et l’égalité des chances sociales. -Construire un front uni des travailleurs. Programme volontariste de formation et d’emploi pour la jeunesse ( Grands travaux civiques et au salaire minimum pour le lumpen prolétariat désœuvré des villes-désensablement et dallage des villes, canalisations, travaux d’hygiène et de recyclage, de compostage, de biogaz, bassins de rétention et irrigation dans les campagnes etc..). Un jour mensuel de labeur citoyen obligatoire pour tout majeur. -Programmes gratuits intra-africain de formation académique collégiale et professionnelle, avec bourse de mérite continentale. Restauration et promotion de la conscience historique et des langues africaines. -Changements des comportements irresponsables consuméristes et ostentatoires chez les riches et redécouvertes des schémas de solidarité là où ils s’étiolent ou font défaut (journée mensuelle de solidarité civique et nationale) -La lutte contre l’impérialisme, les régimes compradore et les comportements anti-progressistes. Favoriser le retour des populations africaines d’immigration ou de la diaspora du déracinement historique et leur réinsertion. -La lutte contre l’impunité sous toutes ces formes, et la mise en pratique d’une cour interafricaine des droits de la personne et des peuples. -Liberté d’expression et d’association -La lutte contre l’ethnicisme, les régionalismes et l’aliénation culturelle, la libre circulation intrafricaine et le brassage et métissage des populations – La coopération scientifique culturelle et technique et la sauvegarde des savoirs traditionnels par l’échange et la permutation des chercheurs du Sud et des internationalistes. Science fondamentale et appliquée et accès aux ressources internationales. – Oeuvrer collectivement pour un monde humaniste progressiste et polycentrique en promouvant nos valeurs africaines. maison des enfants du monde
Je propose de penser et d’agir autour de ces pistes- et il y en a d’autres cernés par Diop -, en les fondant dans le sens de la régénération africaine. Il ne s’agit pas de nostalgie, mais d’un saut qualitatif dans une utopie réalisable et culturellement tradi-moderne ( en ce sens que la culture fondamentale demeure arrimée dans ses traits humanistes, mais articulée et adaptée aux défis de notre temps). Donc de nous reconstruire, en nous débarrassant des carcans d’aliénation et d’oppression. Permettre à nos peuples de s’épanouir, grâce à leurs valeurs positives. Régénérer celles qui ont été altérées et préserver au maximum celles qui existent. C’est un projet révolutionnaire basé sur la conscience de soi, sur l’ouverture internationaliste au monde et sur un désengagement sélectif de l’oppression capitaliste mondialisée, pour un système de développement autocentré, équitable et endurable. Il faut s’évertuer à montrer et consolider l’unité culturelle, psychique, linguistique de l’Afrique. Autant d’atouts pour, soit un avenir fédéral et unitaire, soit plusieurs grands ensembles susceptibles de cristalliser la nation africaine et de l’arrimer à ses diasporas. Prendre la mesure que nos masses sont prêtes et que leur ingéniosité politique, leur auto-organisation, leur courage, humour et pugnacité quotidiens en sont des indicateurs, au-delà des idéologies et des jeux politiques de leur leaders, dont ils ont appris à décentraliser et à manœuvrer les décisions. C’est justement là que la démocratisation la plus poussée doit se faire. Celle qui pourrait déconstruire certains rapports de clientèles et de patronages verticaux et horizontaux informels qui tiennent lieu de faits politiques, et qui peuvent mener jusqu’à l’inversion de nos valeurs et à la guerre. Ces rapports, si manipulables de l’extérieur, qui perpétuent des relations de pouvoir et de subordination en toute impunité, empêchent les peuples de repérer la nature des défis et confortent au pouvoir des dirigeants qui n’ont pas à cœur les intérêts de l’Afrique, et donc la défense de la condition de leur peuple. Une démocratie qui ne se concrétisera que si les dirigeants sont prêts à s’opposer au contrôle externe de leur pays. La régénération africaine que je propose s’articule, on l’aura compris sur les acquis historiques de l’humanisme africain, de sa xénophilie, de sa solidarité, de sa compassion, de son commensal, en maniant l’autocritique et le refus des déviances et dérapages découlant de manœuvres politiciennes. Ce projet basé sur le respect des autres et surtout de soi, par l’élévation de la conscience et la foi en l’équilibre animiste ontologique africain, nous replace dans notre rapport à nous, aux autres et à la nature. Une redécouverte et une réinvention de nos histoires, imaginaires et modes de régulation et d’équilibre traditionnels, à l’instar du Maat originel de l’Afrique pharaonique, seront alors le moment véritable de la régénération. Refondation qui permet d’être invulnérable aux racismes et aux affres du néolibéralisme mondialisé.
En vous remerciant de votre attention je vous laisse sur ces citations :
« In the end, we will remember not the words of our enemies, but the silence of our friends. » Martin Luther King, Jr.
« Il n’y a pas eu de changement significatif dans le génome humain au cours des dix mille dernières années. Mais il sera sans doute complètement remodelé dans le prochain millénaire. Bien sûr, beaucoup de gens diront que l’ingénierie génétique sur des êtres humains devrait être interdite. Mais j’ai quelques doutes sur la possibilité d’y parvenir. L’ingénierie génétique sur les plantes et les animaux sera autorisée pour des raisons économiques et quelqu’un essaiera de l’appliquer aux hommes. À moins d’avoir un ordre mondial totalitaire, quelqu’un forgera des humains améliorés quelque part» Stephen Hawking.
«Il nous faut donc nous élever à des niveaux qui rendent possible la cristallisation de contre stratégies des forces populaires, tant dans leur vision de la globalité de leurs interdépendances mondiales que dans leurs expressions segmentaires et locales. Samir Amin «L’Africain qui nous a compris est celui-là qui, après la lecture de nos ouvrages, aura senti naître en lui un autre homme, animé d’une conscience historique, un vrai créateur, un Prométhée porteur d’une nouvelle civilisation et parfaitement conscient de ce que la terre entière doit à son génie ancestral dans tous les domaines de la science, de la culture et de la religion Cheikh Anta Diop
Aziz Salmone FALL
[1] Editorial L’oeuvre de Cheikh Anta Diop un héritage vivant Ankh No 1, p 22 [2] Diagne Pathé, Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’Histoire du monde, Sankoré/l’Harmattan, Paris, 1999 [3] « Eugenics, as Sir Francis Galton termed the study of the agencies under social control that may improve or impair the racial qualities of future generations, presents, it was stated, problems of the utmost social importance. At present the most urgent need is for more knowledge, both of the facts of heredity and of the effects of social institutions in causing racial change. As knowledge accrues, it must be disseminated and translated into action» Leonard Darwin, in Problems in Eugenics, Papers communicated to the 1st International Eugenics Congress, University of London, Jul 24th to 30th, 1912, The Eugenics Education Society, Adelphi, W.C., 1912, pB2 et aussi R. C. Punnet « The aim of the Eugenist, on the other hand, is to control human mating in order to obtain the largest proportion of individuals he considers best fitted to the form of society which he affects.» Genetics and Eugenics, in Problems in Eugenics , p137 [4] mouvement nord américain visant à transformer le système éducatif et plus largement la société dans le sens de la reconnaissance d’une intervention divine, il est animé par la droite religieuse. [5] Ajavon François-Xavier, L’eugénisme de Platon, Paris, l’Harmattan , 2002, p 96 [6] Luxembourg Rosa, Introduction à l’économie politique (les tendances de l’économie mondiale), 1907 [7] http://www.sinistra.net/lib/bas/progco/qilu/qiluecibof.html [8] Testart Alain L’esclave, la dette et le pouvoir: Etudes de sociologie comparative. 2001, Paris : Errance, 238 p [9] Plumelle-Uribe Rosa Amelia, La férocité blanche, des non-blancs aux non aryens, Génocides occultés de 1492 à nos jours, Albin Michel Paris, 2001, 334p [11] Cham père de Canaan et fils de Noé vit son père ivre qui s’était dénudé. Il en fit part à ses deux frères Sem et Japhet qui « prirent un manteau et le mirent , à eux d’eux, sur leur épaule, puis ils marchèrent à reculons et couvrirent la nudité de leur père. Leur visage étant tourné en arrière, ils ne virent pas la nudité de leur père. Noé s’éveilla de son vin et apprit ce que lui avait fait son plus jeune fils. Il dit :«Maudit soit Canaan! Il sera pour ses frères l’esclave des esclaves! Puis il dit : « Béni soit Iahvé, le Dieu de Sem, et que Canaan lui soit esclave! Qu’Elohim dilate Japhet et qu’il habite dans les tentes de Sem! Que Canaan leur soit esclave!» L’ancien Testament, Genèse, IX [12] Delacampagne Christian, Une histoire du racisme , des origines à nos jours, LGF, Paris, 2000, p142 [13] Largent mark A., ed, Race, Racism and Science, ABC clio, Santa Barbara, Clio, 2004, p 15 [14] Voir ces intéressants développements dans Girod Michel, Penser le racisme, Calmann-Levy, Paris, 2004, pp36-40 [15] Michel Girod remonte la généalogie de ces mythes et pseudo sciences que nous lui empruntons de son remarquable ouvrage , Penser le racisme. De la responsabilité des scientifiques, Calmann-Levy, 2004, pp36-72 [16] Bachelard-Jobard Catherine, L’eugénisme, la science et le droit , PUF , Paris, p. 18 [17] Bernardin de Saint-Pierre, 1737-1814, Mouans-Sartoux, PEMF, 2002. (Coll. « Regards sur les lettres ».) [18] sur l’abondante bibliographie sur Darwin quelques ouvrages: Hawkins Mike, Social Darwinism in European and American Thought, 1860-1945, Cambridge, Cambridge University Press 1997; Jones Greta, Social Darwinism in English Thought, Brighton, Sussex, UK : Harvester 1980; Browne Janet, Charles Darwin: the Power of Place, NY, Knopf, 1995 [19] «Quand on voit ces hommes, c’est à peine si l’on peut croire que ce sont des créatures humaines…On se demande souvent quelles jouissances peut procurer la vie à quelques-une des animaux inférieurs; on pourrait se faire la même question, et avec beaucoup plus de raison relativement à ces sauvages» écrit en 1882 par Darwin dans Le voyage d’un naturiste autour du monde, ce passage parait dans l’ouvrage de Virole Benoît, Le voyage intérieur de Charles Darwin. Essai sur la genèse psychologique d’une œuvre scientifique, Paris Editions des archives contemporaines, 2000 et il est cité par Girod ibid, p44 [20] Joël Des Rosiers dans sa réplique au Doc Mailloux rappelle que dans son ouvrage phare Darwin consacre «une page pour renforcer la thèse d’une infériorité congénitale du peuple canadien-français. Ces préjugés liés à une époque eurent leur funeste suite dans les règlements de l’armée canadienne et de la GRC qui limitaient la promotion du soldat canadien-français au grade de sergent, au motif d’un quotient intellectuel inférieur» [21] ils auraient le même grand –père mais qui aurait eu deux épouses dont sont issues chacune de leur lignée [22] cité dans Albert Jacquard, La science face au racisme, ibid pp36-37 [23] Girod Michel, Penser le racisme, de la responsabilité des scientifiques, Calmann Levy, Paris, 2004, p50 [24]Anténor Firmin, De l’égalité des races humaines (anthropologie positive). Paris: F. Pichon, 1885; Paris: L’Harmattan, 2003; Montréal: Mémoire d’encrier, 2005, voir aussi http://www.alliance-haiti.com/culture/literrature/antenor-firmin.htm Voir les développements intéressants de Christoph Jensen, De Malthus à l’Eugénisme, à l’Hygiène Raciale, au Nettoyage Ethnique, Groupe Gn3, 2001 [26] Wyndham, Diana Hardwick. Striving for National Fitness: Eugenics in Australia 1910s to 1930s. Thèse. University of Sydney, History. 1996: [27] Angus McLaren, Our Own Master Race: Eugenics in Canada, 1885-1945, Toronto, Ontario, McClelland & Stewart, 1990. voir aussi Dowbiggin, Ian. Keeping America Sane: Psychiatry and Eugenics in the United States and Canada, Cornell University Press, 1997 [28] Cairney, Richard. »‘Democracy was never intended for degenerates’: Alberta’s Flirtation with Eugenics Comes back to Haunt it », Canadian Medical Association Journal, vol. 155, no 6, 15 September 1996, p. 789-792. [29] Jensen Christophe, De Malthus à l’Eugénisme, les hommes derrière Hitler, http://atos.ouvaton.org/article.php3?id_article=63 [30] Jackson John P, Weidman Nadine M., Race Racism and Science, ABC-Clio, Santa Barbara, 2004, p111 [31] Voir les intéressants développements de Weingaryt Peter, German Eugenics between Science and Politics» Osiris 5, 1989;260-282 et Weindling Paul, Weimar Eugenics : The Kaiser Wilhem Institute for Anthropology, Human heredity and Eugenics in Social Context». Annals of Science 42, 1985; 303-318 [32] cité par Jacquard ibid p 38 [33] Race et intelligence, Edition Copernic, 1977 *lobotomie partielle d’une portion du cerveau [34] il y eut auparavant en 1950 et en 1961 consensus sur la question. Voir par exemple UNESCO, Race and Science: The Race Question in Modern Science, New York: Columbia University Press, 1961. [35] Mankind’s Most Dangerous Myth: The Fallacy of Race, 1942 [36] Jacquard Albert, La science face au racisme, in Racisme , science et pseudo-science, Unesco, 1982, pp28–30 [37] Jensen Arthur » How much can we boost IQ and scholastic Achievement, Harvard Educationnal Review,39; 1-123 1969 [38] Jacquard op cit p 43, ; * sur l’héritabilité Jacquard montre que ce mot «recouvre trois concepts distincts : mesure de la ressemblance parents-enfants, rapport soit de la variance génétique globale, soit de la variance des effets additifs des gènes à la variance totale». [39] Eysenck H.J., Psychology is About People, Allen Lane, London 1972; The Inequality of Man, Temple Smith, Londres, 1973 [40] Michael Billig, L’internationale raciste, de la psychologie à la science des races, Maspero, Paris, 1981, p175 [41] Aroll Exama. Jusqu’où va la différence ? Éditions de la francophonie.[43] QI de 110 à 120 : intelligence légèrement supérieure ou « bien doués » : 11 à 17 % de la population ; QI de 90 à 110 : intelligence normale ou moyenne : 45 à 60 % ; QI de 80 à 90 : lenteur d’esprit, intelligence bornée : 15,3 à 17 % ; QI de 70 à 80 : zone marginale d’insuffisance : lenteur, débilité, zone limite de l’arriération mentale : 6 à 7,4 % ; QI<70 : arriération mentale vraie (In Doctissimo). [44]«Depuis près de 50 ans, le QI ne représente plus ce rapport, mais un écart par rapport à une moyenne théorique de 100. La distribution des scores obéit à une représentation d’une courbe en cloche (ou courbe de Gauss) dont l’axe de symétrie est basée sur l’axe 100.
Tally’s Corner: A Study of Negro Streetcorner Men : A Study of Negro Streetcorner Men (Legacies of Social Thought) de Elliot Liebow [46] if you wanted to reduce crime, you could you could abort every black baby in this country and your crime rate would go down [47] Lucien Sève, la trilatérale du quotient intellectuel, préface de l’ouvrage de James Lawler, Intelligence Génétique Racisme, le quotient intellectuel est il héréditaire, éditions sociales, paris, 1978, p13 [48] http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2000/mag1110/dossier/sa_2933_mesurer_intelligence_02.htm [49] Jack Jedwab, Les théories concernant l’infériorité de la population noire ne sont autres que du‘camouflage’ pour masquer les barrières sociales [50] http://www.radiocanada.ca/nouvelles/Santeeducation/nouvelles/200509/09/002-cerveau-evolution.shtml [52]Natural History of Ashkenazi Intelligence, Départment of Anthropology University of Utah, http://homepage.mac.com/harpend/.Public/AshkenaziIQ.jbiosocsci.pdf
[53]Natural History of Ashkenazi Intelligence, ibid http://homepage.mac.com/harpend/.Public/AshkenaziIQ.jbiosocsci.pdf [54]http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2000/mag1110/dossier/sa_2939_coup_pied_qi_02.htm [55] Comme le laissait croire les premières estimations de Gilbert W. qui postulait 100 000 gènes en divisant par la taille d’un gène les 3 milliards de paires de base sensés représenter la longueur de notre ADN. [56] Il existe des gènes qui ne sont pas répertoriés dans les 25000 habituellement retenus pour notre génome, surtout des gènes qui ne codent pas de protéines et qui produisent de l’ARN. Les processus de régulation génétiques vraisemblablement révéleront des synthèses protéiques de l’ARN qui feront dépasser les 300 plus ou moins recensés pour l’instant. [57] http://www.sfaf.org/treatment/beta/b32/b32hist.html, voir aussi Cohen, AIDS Research: Receptor Mutations Help Slow Disease Progression, Science 1996 273: 1797-1798; [58] http://www.affairesuniversitaires.ca/Francais/issues/2005/may/_print/partenaires_pandemie.html [59] http://72.14.207.104/search?q=cache:CF6AgyJWij4J:www.aegis.com/news/afp/2000/AF0012C0_FR.html+prostitu%C3%A9s+kenya+sida&hl=fr [60] Béatrice Hahn, de l’Université de l’Alabama, vient de découvrir que le virus VIH-1 du sida existe depuis toujours chez les chimpanzés d’Afrique centrale. Les primates ne semblent pas en être affectés, ce qui implique qu’ils disposent eux aussi d’un mécanisme de résistance. Comme le bagage génétique de l’homme et celui du chimpanzé sont identiques à 98%, on pourrait s’inspirer de ce modèle animal pour développer un autre vaccin» [61] NEW ORLEANS, La. (November 8, 2004)– Results from the African American Heart Failure Trial (A-HeFT) to be presented today at the American Heart Association’s Late-Breaking Scientific Sessions indicate that African American patients with heart failure experienced a 43 percent improvement in survival after taking BiDil®, the nitric-oxide enhancing, fixed-dose combination of isosorbide dinitrate (I) and hydralazine (H), in addition to standard heart failure therapy (P=0.01), as compared with patients in the study receiving standard heart failure therapy plus a placebo. A 10.2 percent death rate was shown in the placebo group compared to 6.2 percent of patients in the fixed-dose I/H group (P=0.02). Trial results also confirm a 33 percent reduction in first hospitalization for heart failure (P=0.001) and an improvement in the quality of life (P=0.02) for African American heart failure patients taking the fixed dose I/H therapy. http://www.nitromed.com/11_08_04c.shtml [63]http://www.univ-tours.fr/genet/gen001700_fichiers/htm/ch8b/gen12ch8bec7.htm [65] http://72.14.203.104/search?q=cache:OkgFAqi6iVUJ:www.kacvtv.org/local/organdonor/sbone.html+&hl=en [66] Poget Noemie, Quels seront les bébés du futur? Le courrier 20 Octobre 2001 [67] Les premiers développement dans «Histoire primitive de l’humanité: évolution du monde noir» in Bulletin de l’IFAN T XXIV No 3‑4, Université de Dakar, 1962, p450 [68] http://www.nature.com/nature/ancestor/index.html [69] South African Journal of Science, December 1998 [70] Il existe plusieurs hypothèses de la bipédie, incluant même une arguant de l’origine aquatique de l’humanité. [71] Dambricourt‑Malassé Anne, Nouveau regard sur l’origine de l’homme, La recherche 286 avril 1996, [72] Wilson A, Cann R L, Stoneking M, Mitochondrial DNA and Human Evolution;, in Nature Vol 325, No 6099, January 1987, pp3l‑36 [73] Diop Cheikh A, Apport de 1 Afrique à la civilisation universelle, in Actes du Colloque Centenaire de la Conférence de Berlin Brazzaville, 1985, Présence Africaine, Paris, Dakar, p46 [74] 5 Dambricourt‑Malassé A, op cit p54 [75] Wolpoff MiIford, Thorne Alan, The Case Against Eve, in New Scientist Vol 13 0, No 1774, June 22,1991, p37 [76] James Shreeve The Neandertha énigme : solving the mystery of modem human origins, W Morrow, 19 [77] (in National Geographic, January 1996) [78] «Le matériel génétique (ADN mitochondrial) de la mitochondrie (qui est la seule partie des cellules animales à posséder son propre ADN, en plus du noyau) n’a subi que très peu de modifications depuis le début de l’évolution et sert souvent dans les recherches phylogénétiques.» [79] «Dans le même temps, d’autres chercheurs publiaient des résultats (revue Nature, décembre 2000) confirmant que l’espèce humaine actuelle aurait pris résolument ses racines en Afrique. Une équipe de l’université d’Uppsala (Suède) a étudié l’ADN mitochondrial (transmis par la mère) de 53 individus de différentes ethnies, allant des Inuits aux Kikuyus. Ceci leur a permis d’élaborer une sorte d’arbre généalogique, qui montre que leur ancêtre commun a vécu en Afrique pendant une période comprise entre 221 500 ans et 121 500 ans. Il y eut ensuite séparation entre Africains et non Africains, entre 79 500 et 24 500 ans. Ces travaux suggèrent donc que l’homme moderne serait sorti du continent africain plus récemment que l’on ne croyait (100 000 ans). Cette équipe suédoise croit pouvoir, dans un futur proche, disposer de données dérivées du génome humain, encore plus précises. L’ADN mitochondrial étant en effet un élément qui ne reflète que l’histoire génétique des femmes». Schéma et commentaires http://www.snv.jussieu.fr/vie/documents/adnancient/adnmt.htm [81] Marianne Schwartz and John Vissing, ‘Paternal Inheritance of Mitochondrial DNA,’ New England Journal of Medicine, august 2002 et aussi http://www.darwinism-watch.com/scientific_american_tattersall.php [82] Lucotte Gérard, < Origin of Modern Human: Evidence from Y‑Chromosom Specîfic Polymorphic DNA [83] SLC24A5, a Putative Cation Exchanger, Affects Pigmentation in Zebrafish and Humans, Science 16 December 2005, Vol. 310. no. 5755, pp. 1782 – 1786; voir aussi Michael Balter , GENETICS: Zebrafish Researchers Hook Gene for Human Skin Color, Science 16 December 2005: 1754-1755
[84] Suivre les travaux du A haplotype map of the human genome, The International HapMap Consortium [85] Drayna Dennis, Founder Mutations, Scientific American, October 2005, pp82-83 [86] ibid p 85 [87] Anthropologue à l’université de Pennsylvanie Coon a écrit The Origin of Races [88] cf l’apparition de l’homo sapiens, in Bulletin de l’IFAN, TXXXII Série B, No 3, Université de Dakar, [89] l’Egyptologie eurocentrique sans tenir des métissages ultérieurs persiste à nier ces faits et tentent d’infirmer ces faits sur les ossements des egyptiens : [90] Sandford K., Arkell S,, Prehistoric Survey of Egypt and Western Asia, Paleolithic Man and the Nile [91]Dans le chapitre 5, « Légendes, histoires, niveaux de la mer », du livre L’homme et le climat (Paris, Éditions Denoël, 1985) de cité dans http://www.ankhonline.com/egypte1.htm
[92] Vermeersch, P, Pai ulissen E., et ai, Haute Égypte, L Anthropologie 88, 1984 pp231‑233 et aussi Le Paléolithique de la vallée du Nil égyptien, 1 Anthropologie 94, 1990, p435 et suite [93] Zaborowski M., Races préhistoriques de l’ancienne Egypte, « Bulletin et mémoires de la société d`anthropologie » de Paris 9, IV‑ 1898, 597‑612 [94] Wendorf Fred, Schuld Romuald, Close Angela in Science Novembre,1982. [95] Sall Babacar, Hommes et cultures du Sahara ancien», Ankh 6/7 [96] Baud Michel, Djéser et la troisième dynastie, Pygmalion, 2002, p9 [97] Moret, Des clans aux Empires, 1923, cité dans Diagne Pathé, Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’Histoire du monde, Sankoré, L’Harmattan, 1999, p59 [98]J’ai moi-même rencontré la même difficulté pour avoir accès à des momies de l’Université McGill où j’enseignais [99] Actes du premier colloque d’anthropologie physique des anciens Egyptiens, in Bulletin et mémoires de la société d’anthropologie de Paris, T8, XIII ème série, Doin, Paris, Septembre 1981 [101]Obenga Théophile, L Afrique dans 1’Antiquité, Présence africaine, Paris, 1973, p323 [102] Obenga Théophile, Origine commune de l’égytien ancien, du copte et des langues négro-africaines modernes. Introduction à la linguistique historique africaine, l’Harmattan, Paris 1993 sur http://www.ankhonline.com/langue1.htm [103] N’gom Gilbert, Parenté génétique: l’égyptien pharaonique et le Duala, in Ankh, revue d’égyptologie et des civilisations africaines, Khepera~ No2 Avril 1993, p3l [104] Obenga, 1993 ibid, http://www.ankhonline.com/langue1.htm [105]. 16 novembre 1999 – Le Caire. AFP [106]Obenga Théophile, Cheikh Anta Diop Volney et le Sphynx, Khepera, Présence Africaine, Paris, 1995, [107]Diop Cheikh A, Centenaire de la conférence de Berlin [108] LE MYSTERE DES DOGONS, Un peuple du Mali descendant d’une autre planète, http://secretebase.free.fr/civilisations/autrespeuples/dogons/dogons.htm [109] Diop Cheikh A, l’unité culturelle de 1’Afrique noire, Présence Africaine, 2 ème édition, Paris‑Dakar, 1982, p pl35‑l36 [110] Frantz Fanon, Le syndrome nord Africain, Esprit, Février 1952; Pour la révolution africaine, Maspéro; Les damnés de la terre, Maspéro, ; L’an V de la révolution algérienne; Maspéro, Peaux noirs masques blancs; The Wretched of the Earth, Grove Press, NY, 1968 [111] Nous menons pour Thomas Sankara une lutte contre l’impunité avec une vingtaine d’avocats et plusieurs organismes et personnalités devant le comité des droits de l’Homme des Nations Unies. cfwww.grila.org [112] [112] L’Uruguay round propose que les signataires s’engagent à supprimer les barrières douanières et non douanières afin de permettre entre eux l’investissement et le commerce, et créer une déréglementation favorisant la circulation du capital. [114] Lemieux André, Canada’s Global Minng Presence in Canadian Minerals Yearbook 1996, Ottawa, Ressources Naturelles Canada
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Politologue internationaliste panafricain
Il enseigne les sciences politiques, l’anthropologie, les relations internationales et le développement international à l’université McGill et à l’UQAM.
Ancien coordonnateur du réseau québécois contre l’apartheid.
Fondateur et membre du GRILA (le groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique) dans lequel il coordonne, avec un collectif de 21 avocat-e-s des personnalités et divers organismes, la première campagne internationale africaine contre l’impunité- l’affaire du Président Thomas Sankara.
Dans la résolution de la crise au Burundi, il a formulé à Genève le plan de la première force d’interposition africaine Africa Pax.
Co-Fondateur et co-coordinateur du mouvement des assises de la gauche MAG au Sénégal.
Président de la fondation Aubin et du Centre de recherche progressiste Ryerson
Auteur de plusieurs écrits spécialisés, dont la critique annotée des 200 points du NEPAD.
Personne ressource et conférencier régulièrement consultée par les médias, les cercles politiques et civiles et autres forces progressistes des formations sociales périphériques et du Centre.
Source : www.grila.org
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